Le procès de Ibrahim Essa reporté

02/10/2007
Communiqué
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2 octobre 2007, Le Caire – Paris, La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) a observé aujourd’hui la première audience des neuf procès intentés au journaliste égyptien Ibrahim Essa devant la Chambre Correctionnelle de la Cour de Bolaq au Caire pour avoir publié "des informations ou déclarations ou rumeurs susceptibles de susciter la peur entre les gens et de nuire à l’intéret général" suivant les dispositions de l’article 188 du code pénal égyptien. Les informations incriminées concernaient la santé de la personne du Président de la République.

Le très large dispositif sécuritaire à l’extérieur et à l’intérieur du tribunal n’a pas empeché la présence de nombreux observateurs extérieurs parmi lesquels des représentants des Ambassades britanniques et néerlandaises, des ONG égyptiennes de défense des droits de l’Homme et un nombre très important de journalistes. Le conseil de l’Ordre des avocats et le syndicat des journalistes étaient également représentés.

Mokhtar Trifi, avocat tunisien et président de la Ligue tunisienne de défense des droits de l’Homme, mandaté par la FIDH aux fins d’observer le procès, a assisté à l’audience qui s’est déroulée en l’absence de l’accusé. Les deux parties ont demandé le report du procès.

Les huit avocats proches du PND (parti du pouvoir) qui avaient intenté les procès contre M. Essa (le neuvième procès étant intenté par le Ministère public) étaient pour la plupart présents à l’audience. L’un d’eux, Nabil El Wahrsh, a annoncé aux journalistes, pendant que la Cour se retirait pour délibérer, qu’il retirait sa plainte. Après un long délibéré, la Cour a décidé le renvoi du procès au 24 octobre 2007.

La Cour a décidé de faire citer pour la prochaine audience des témoins à charge ; parmi lesquels le président de la Banque Centrale et le président du marché financier, afin d’attester les pertes financières qu’aurait subi l’Egypte dans les heures qui ont suivi les articles publiés par Ibrahim Essa.
Le tribunal a décidé de tenir sa prochaine audience dans un complexe judiciaire situé à une heure du Caire.

La FIDH appelle les plaignants à retirer leur plainte d’autant que l’article 251 bis du Code de procédure pénale ne permet plus depuis son amendement en 1998 d’ester en justice sans avoir subi préjudice personnel et direct.

La FIDH rappelle que selon le Rapporteur Spécial des Nations Unies sur la liberté d’expression " la diffamation ne justifie pas les restrictions de la liberté d’expression ; les lois incriminant la diffamation devraient etre abrogées ou remplacées par des lois de responsabilité civile". Elle appelle l’abrogation des lois pénales égyptiennes qui prévoient des peines de prison pour les délits d’opinion.

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