Etablir l’état de droit, une urgence pour l’Egypte !

05/07/2013
Communiqué
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Alors que le Conseil suprême des forces armées a déposé Mohammed Morsi, président démocratiquement élu, le 3 juillet 2013, la FIDH appelle au respect inconditionnel des normes internationales des droits de l’Homme, au retour dans les meilleurs délais à la légalité et à la remise rapide du pouvoir politique aux civils dans le cadre d’un processus politique respectueux des principes démocratiques.

Tout comme les pratiques de l’armée lorsque celle-ci a exercé le pouvoir après la chute de Hosni Moubarak en février 2011, les méthodes employées pour destituer Mohamed Morsi puis canaliser des membres des Frères musulmans suscitent de vives inquiétudes.

« Il revient aujourd’hui aux autorités égyptiennes de faire la démonstration de leur volonté de mettre effectivement en oeuvre la feuille de route qu’elles se sont donnée. Cela implique également de respecter le principe de pluralisme et de ne pas lancer de chasse aux sorcières contre les dignitaires et les sympathisants de la Confrérie des Frères musulmans » a déclaré Karim Lahidji, président de la FIDH.

La FIDH sera particulièrement attentive aux violations des principes de l’Etat de droit. Elle appelle instamment les autorités à mettre un terme aux arrestations arbitraires qui sont conduites depuis plus de 48 heures.

En effet, depuis le renversement de Mohammed Morsi, les autorités en place ont procédé à l’arrestation de plusieurs membres de la confrérie des Frères musulmans et du parti qui lui est affilié, le parti Liberté et Justice. Trois cents mandats d’arrêts auraient été émis. Le Procureur général a par ailleurs émis une interdiction de quitter le territoire à l’encontre du Président Morsi et de 8 autres leaders accusés d’avoir « insulté le pouvoir judiciaire ».

Le pouvoir de Mohammed Morsi s’est caractérisé non seulement par un mépris total des demandes exprimées par les Egyptiens mais également par une confiscation indue du processus de transition, suscitant la colère de millions d’Egyptiennes et Egyptiens. « La multiplication des atteintes aux droits humains et principes démocratiques a été le corrolaire d’un autoritarisme croissant pendant l’année d’exercice du pouvoir par le président Morsi. Il est impératif que les autorités actuelles s’inscrivent sans délai dans le respect de ces principes et oeuvrent à l’instauration rapide de l’Etat droit » a ajouté Karim Lahidji.

Le ministère de la Santé a documenté 56 décès et 2495 blessés dans le cadre des manifestations en faveur et contre le président Morsi, qui ont secoué la majorité du pays entre le 28 juin et le 3 juillet. L’organisation Nazra pour les études féministes et d’autres organisations ont documenté au moins 101 cas de violences sexuelles y compris des viols entre le 28 juin et 2 juillet 2013.1.Au moins 80 autres cas ont été documentés sur la seule place Tahrir au Caire le 3 juillet.2

Ces actes de violence sont extrêmement préoccupants. Des enquêtes impartiales et indépendantes doivent être menées afin que les auteurs de tels actes aient à rendre compte devant la justice.

Alors que toutes les parties doivent faire preuve de calme, il incombe aux autorités de garantir le droit au rassemblement et aux manifestations pacifiques, le droit à la liberté et à la sûreté de la personne, le droit à l’intégrité physique et mentale et le droit à un procès équitable, et ce en vue de l’instauration de la paix sociale.

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