ÉGYPTE : Libérez Ramy Shaath !

30/08/2019
Déclaration
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Paris-Le Caire-Genève, le 30 août 2019 - M. Ramy Shaath, opposant politique et coordinateur du mouvement BDS en Egypte, est détenu arbitrairement depuis le 5 juillet dernier. Son épouse a été expulsée de force du pays au moment de l’arrestation de son mari. La FIDH, l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) et l’Institut du Caire pour les études de droits humains (CIHRS) dénoncent les conséquences de la récente répression de la société civile en Égypte. Ils renouvellent leur appel aux autorités pour qu’elles mettent immédiatement fin à tout acte de harcèlement, y compris au niveau judiciaire, à l’encontre de tous les militants pacifiques, en particulier les opposants politiques et les défenseurs des droits humains.

M. Ramy Shaath est un opposant politique ayant la double nationalité palestino-égyptienne. Il a rejoint la coalition de militants qui a organisé le soulèvement populaire de janvier 2011 qui a conduit au départ du président égyptien Moubarak et a joué un rôle important dans la transition démocratique du pays, notamment au sein du parti El-Dostour. En outre, il est coordinateur du mouvement Boycott, Désinvestissement, Sanctions (BDS) en Egypte depuis 2015, à l’appui du droit des Palestiniens à l’autodétermination. Il est également le fils de M. Nabil Shaath, ancien vice-premier ministre palestinien et actuel conseiller aux affaires étrangères du président Mahmoud Abbas en Palestine.

La semaine dernière, son épouse, Mme Céline Lebrun Shaath, a révélé que son mari est détenu arbitrairement depuis le 5 juillet 2019, date à laquelle une douzaine d’agents de sécurité lourdement armés ont pris d’assaut son domicile durant la nuit et l’ont fouillé sans présenter aucun document légal justifiant leur intervention. Pendant le raid, les agents ont saisi des ordinateurs, des disques durs et des téléphones portables. Ils ont emmené M. Ramy Shaath dans un endroit inconnu. Mme Lebrun Shaath, citoyenne française résidant en Égypte depuis plus de sept ans, était présente au moment de son arrestation. Elle a été expulsée arbitrairement et de force d’Égypte vers la France par des fonctionnaires qui ont également refusé de lui permettre de contacter son consulat, alors qu’elle était officiellement sous sa protection.

" M. Ramy Shaath est détenu arbitrairement pour ses activités politiques légitimes et pacifiques et inculpé dans une affaire criminelle sans fondement dans laquelle il n’y a aucune preuve tangible contre lui, à l’exception des "conclusions de l’enquête policière" auxquelles ni lui ni ses avocats n’ont eu accès ", a déclaré Leslie Piquemal, représentante pour l’Union européenne au CIHRS.

La disparition de M. Shaath a été signalée par sa famille et ses avocats au poste de police de Qasr el Nil le 5 juillet au matin. 36 heures plus tard, le 6 juillet, M. Shaath a réapparu devant le parquet de la sûreté de l’État. C’est alors que sa famille a découvert qu’il avait été ajouté à une affaire pénale déjà en cours (affaire de sûreté de l’État no 930/2019) connue sous le nom d’affaire "Plan Espoir", et accusé d’ "assistance à un groupe terroriste".

Ces derniers mois ont vu la création en Égypte d’un mouvement rassemblant les partis politiques et les mouvements sociaux autour d’un programme en faveur des droits humains. Les autorités égyptiennes, relayées par les médias officiels, l’ont rebaptisé "Plan Espoir" et ont accusé à tort ses prétendus partisans de terrorisme et d’atteinte à la sécurité de l’Etat.

Depuis son arrestation, M. Ramy Shaath est détenu dans la prison de Torah. Il a passé son premier mois de détention dans une cellule d’une trentaine de mètres carrés dans laquelle une trentaine d’autres personnes, dont certaines souffraient de maladies, n’avaient pas de place pour se coucher. Sa détention provisoire a été constamment renouvelée, la dernière fois le 27 août 2019.

" Nous exhortons les autorités égyptiennes à libérer immédiatement M. Ramy Shaath, étant donné l’absence d’accusations fondées sur des preuves solides contre lui, et à permettre à sa femme de retourner au Caire dès que possible, à la fois pour soutenir son mari et parce que c’est son lieu de résidence et de travail ", a déclaré Gerald Staberock, Secrétaire général de l’OMCT.

" Au cours des deux derniers mois, au moins 83 personnes, dont des opposants politiques, des journalistes et des défenseurs des droits humains, ont été arrêtées en Égypte en raison d’accusations de terrorisme pour leur implication présumée dans un complot contre l’État, notamment l’ancien parlementaire et avocat Zyad al-Elaimy et les défenseurs des droits humains Hassan Barbary, Ahmad Tamam et Alaa Essam ", rappelle Shawan Jabarin, secrétaire général de la FIDH.

Contacts :
- FIDH : Anissa Daboussi (français, anglais) : +33 6 08 99 50 80
- OMCT : Iolanda Jaquemet (français, anglais) : + 41 79 539 41 06 / +41 22 809 49 39
- CIHRS : Leslie Piquemal (français, anglais) : +3247474508271 / leslie@cihrs.org

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