Le parquet de la sûreté d’État accuse Mohammed Basheer d’appartenir à une organisation « coupable de financer le terrorisme ». Les organisations pour les droits humains soulignent le caractère infondé de ces accusations à l’encontre d’une ONG aussi établie que EIPR. Sans parler du fait qu’elle est l’une des rares ONG indépendantes de défense des droits humains restant en Égypte et qui continue à travailler publiquement et à s’engager auprès des institutions de l’État.
Mohammed Basheer a été arrêté chez lui, aux premières du dimanche 15 novembre, par des hommes lourdement armés et détenus dans un endroit tenu secret pendant 12 heures avant d’être déféré au parquet de la sûreté d’État. Il a été interrogé, par des agents de la sécurité nationale sans être assisté d’un avocat -puis par des officiels du parquet- sur la visite de plusieurs diplomates dans les bureaux d’EIPR quelques jours auparavant, venus parler du travail de défense des militants des droits humains effectué par EIPR.
Ces activités parfaitement légitimes ne justifient en aucun cas de détenir Mohammed Basheer pendant 15 jours. Aucune preuve n’a été apportée pour soutenir les accusations "de direction une organisation terroriste, diffusion de fausses informations, menace contre la sécurité publique" portées contre M. Basheer.
Quelques jours après l’arrestation de Mohammed Basheer, c’était au tour de Karim Ennarah de se faire arrêter alors qu’il était en vacances dans le sud du Sinaï, à Dahab. Après une enquête de quelques heures, le parquet a ordonné une détention préventive de 15 jours le temps de poursuivre les enquêtes sur les fausses accusations d’« appartenance à un groupe terroriste », « utilisation des réseaux sociaux pour diffuser de fausses informations » et « diffusion de fausses informations ». Le procureur a justifié sa décision en invoquant le fait que Karim Ennarah "s’est entendu avec un groupe à l’intérieur des prisons pour répandre de fausses rumeurs qui pourraient porter atteinte à la paix et à la sécurité publiques."
Enfin, le 19 novembre, des forces de sécurité ont arrêté Abdel-Razek chez lui, au Caire, avant de l’emmener dans un lieu inconnu. Lui aussi a été interrogé au parquet de la sûreté d’État et s’est vu condamné à une détention préventive de 15 jours pour « appartenance à un groupe terroriste », « dissémination de fausses informations qui menacent la sécurité publique » et « utilisation d’internet pour publier de fausses informations ».
Nous pensons que Karim Ennarah, Mohammed Basheer and Gasser Abdel-Razek sont ciblés du fait de leur travail à l’EIPR, dans une entreprise d’intimidation des autres membres de l’ONG, et de ce fait, leur détention est illégale.
Nous sommes de plus en plus préoccupés par le rétrécissement de l’espace d’expression des organisations comme l’EIPR, qui choisissent de mener leur travail publiquement en Égypte, et qui sont punies pour avoir tenté de faire respecter les droits humains et les normes constitutionnelles dans le pays.