Les autorités égyptiennes entravent la liberté d’association : une organisation empêchée de participer à une réunion de l’ONU

13/06/2008
Communiqué
en fr

Copenhague-Genève-Paris, le 13 juin 2008. Le Réseau Euro-méditerranéen des Droits de l’Homme (REMDH) et l’Observatoire pour la Protection des Défenseurs des Droits de l’Homme, un programme conjoint de l’Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT) et de la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme (FIDH), condamnent conjointement la décision du gouvernement égyptien d’empêcher l’Initiative Égyptienne pour les Droits Personnels (EIPR) de participer à la réunion de haut niveau de l’Assemblée Générale de l’ONU sur le VIH et le SIDA, qui s’est tenue les 10 et 11 juin 2008 à New-York.

En effet, l’EIPR a été incluse dans la liste présentée par le Président de l’Assemblée Générale afin de participer à la Session Extraordinaire de l’Assemblée Générale de l’ONU mais a fait face à un véto de la part des autorités égyptiennes, qui ont demandé à ce que le nom de cette organisation soit enlevé de la liste des représentants de la société civile invitées pour la réunion.

L’EIPR avait participé à la Session Extraordinaire de l’Assemblée Générale de l’ONU (UNGASS) sur le Sida en 2006, et s’était enregistrée afin de participer à la réunion de juin 2008. Cependant, selon le paragraphe 8 de la résolution 62/178 concernant les points logistiques liés à cette réunion, la liste de représentants de la société civile devait être soumise par le Président de l’Assemblée Générale aux « Etats membres pour leur considération sur la base d’une non-objection pour décision finale par l’Assemblée sur la participation à la réunion de haut niveau, y compris aux panels de discussions ».

L’EIPR a pris une part active dans la protection des droits de l’Homme des personnes vivant avec le VIH. Elle a participé à une table ronde durant la Session Extraordinaire de l’Assemblée Générale de l’ONU (UNGASS) en 2006 et a étroitement surveillé les positions de la délégation égyptienne durant les négociations de la déclaration politique. L’EIPR avait ensuite publié un communiqué de presse reprochant à l’Égypte de saper les négociations, ainsi qu’une lettre ouverte aux Ministres égyptiens de la Santé et des Affaires Étrangères détaillant les positions de l’Égypte durant les négociations sur des questions telles que les groupes vulnérables, et les discriminations contre les femmes. En outre, l’EIPR a documenté les récentes arrestations d’hommes, arrêtées sur la base qu’ils étaient supposément ou bien réellement atteints du VIH sous la justification de « débauche ». Un représentant de l’EIPR est récemment intervenu au sujet de ces arrestations durant la session du Conseil des Droits de l’Homme à Genève de mars 2008.

Le REMDH et l’Observatoire considèrent que cette objection exprimée par le gouvernement égyptien et relative à la participation de l’EIPR à la Session Extraordinaire de l’Assemblée Générale de l’ONU sur le VIH et le Sida constitue une entrave à une organisation de la société civile de mettre en œuvre son mandat visant la protection et la promotion des droits de l’Homme, et d’exprimer ses inquiétudes durant un forum international. Le REMDH et l’Observatoire s’inquiètent du fait que de telles mesures présentent une menace á la liberté d’association de l’EIPR.

Ainsi, le REMDH et l’Observatoire appellent les autorités égyptiennes à :

 respecter la liberté d’association de l’EIPR, et permettre à cette organisation de mettre en œuvre ses activités et exprimer son opinion librement dans des forums nationaux et internationaux,

 assurer le respect des principes des droits de l’Homme pour chacun, « sans distinction aucune de race, couleur, sexe, langue, religion, opinion politique ou autre, origine nationale ou sociale, propriété, naissance ou autre statut »,

 mettre un terme à toute forme de harcèlement à l’encontre de tous les défenseurs des droits de l’Homme égyptien,

 respecter les dispositions de la Déclaration sur les Défenseurs des Droits de l’Homme adoptée par l’Assemblée Générale des Nations Unies le 9 Décembre 1998, en particulier l’Article 1 qui dispose que « chacun a le droit, individuellement et en association avec d’autres, de promouvoir et lutter pour la protection et l’accomplissement des droits de l’Homme et des libertés fondamentales au niveau national et international ».

Pour plus d’information, merci de contacter :

· EMHRN : Marc Degli-Esposti, +45 32 64 17 16

· OMCT : Delphine Reculeau, + 41 22 809 49 39

· FIDH : Gael Grilhot, + 33 1 43 55 25 18

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