Le 10 décembre 2012, un important dispositif policier a été une fois de plus mis en place pour empêcher les familles de disparu(e)s d’exercer leur droit à la liberté d’expression et à la liberté de rassemblement pacifique. A Alger, les policiers ont fait barrière pour empêcher les familles de manifester devant le siège de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’Homme (CNCPPDH), en les poussant et les bousculant. Plus d’une cinquantaine de sympathisants et représentants de familles de disparu(e)s, principalement des personnes âgées, étaient présents pour réclamer la vérité et la justice sur le sort de leurs proches. Des journalistes ainsi que d’autres personnes présentes ont témoigné de la violence des policiers à l’égard de parents âgés, qui ne faisaient que brandir des photos de leurs proches. M. Hacène Ferhati, membre fondateur du bureau de SOS Disparus à Alger, a été violemment bousculé et est tombé par terre, avant de s’évanouir. A Oran, un nombre important de policiers ont encerclé le Palais de justice, où les familles s’étaient rassemblées, pour les empêcher de s’y approcher.
Nos organisations dénoncent la répression de ces rassemblements pacifiques. Cette situation démontre clairement que la question des disparus est toujours taboue et que les libertés d’expression et de rassemblement pacifique sont bafouées de manière systématique, y compris le jour même de la commémoration de l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’Homme et à la veille de la visite officielle de François Hollande en Algérie.
Nos organisations appellent les autorités algériennes à s’engager à :
Garantir le respect des droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique, ce qui comprend la liberté de manifester pacifiquement, proclamés par les articles 19 et 21 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), texte auquel l’Algérie est partie et veiller à ce que l’exercice de ces droits ne fassent l’objet d’aucune restriction injustifiée ;
Ouvrir immédiatement une enquête exhaustive, indépendante et impartiale sur les allégations d’actes de violence commis par des forces de l’ordre à l’encontre de manifestants pacifiques ;
Enquêter de manière approfondie, impartiale et indépendante sur la disparition forcée de milliers de personnes au cours de la guerre civile des années 1990 et déférer les responsables présumés devant la justice dans le cadre de procédures conformes aux normes internationales d’équité ;
Mettre un terme à toute forme de harcèlement à l’encontre des défenseurs des droits de l’Homme et des militants syndicaux en Algérie et se conformer aux dispositions de la Déclaration des Nations unies sur les défenseurs des droits de l’Homme, ainsi qu’aux dispositions de la Déclaration universelle des droits de l’Homme et instruments régionaux et internationaux relatifs aux droits de l’Homme ratifiés par l’Algérie.