13 septembre 2024. Les élections anticipées en Algérie du 7 septembre ont été convoquées par le pouvoir avec l’ambition d’asseoir la légitimité du régime de Abdelmadjid Tebboune par le biais d’une réélection plébiscite. Le taux de participation estimé à 23%, le plus bas depuis l’indépendance, annonce tout le contraire et confirme la déconnexion du pouvoir d’avec les citoyen⋅nes algérien⋅nes.
« Les Algérien⋅nes refusent de participer à des débats institutionnels et se détournent de cette démocratie artificielle, c’est en soi une sanction profonde. Le régime en deviendra d’autant plus fébrile, lui qui reste craintif de voir ressurgir les mouvements pacifiques de masse qui avaient conduit à la chute de Bouteflika. Toute la répression à laquelle nous avons été confronté⋅es en tant que défenseur⋅es des droits humains découle de cette peur », commente Aïssa Rahmoune, secrétaire général de la FIDH.
Des élections sans démocratie
Depuis 2019, le pouvoir en Algérie a tout fait pour museler la société civile et réprimer le mouvement populaire du Hirak. Ses revendications de libertés et de justice sociale n’ont pas été écoutées et ses représentant⋅es ont été emprisonné⋅es, forcé⋅es au silence ou contraint⋅es à l’exil. La FIDH rappelle qu’après la dissolution du Rassemblement actions jeunesse (RAJ) en octobre 2021, son organisation membre algérienne, la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH), a elle aussi été dissoute en 2022. Des médias indépendants tels que Radio M et Maghreb Émergent ont eux aussi été dissous en 2023. Avec la suppression de toute presse libre et de tout relais de la société civile, il n’existe plus de canaux pour l’expression libre en Algérie. Ces élections confirment et renforcent la distance entre le pouvoir et toute base citoyenne, qui n’est pas dupe de la confiscation de sa souveraineté populaire.
À ce jour, plus de 200 personnes sont emprisonnées pour avoir exprimé leur opinion et exercé leurs droits fondamentaux. Parmi elles, des figures du Hirak telles que Brahim Laâlami et Mohamed Tadjadit, qui cumulent presque 60 mois d’incarcération depuis 2019, Mohad Gasmi détenu depuis juin 2020 et le journaliste Ihsane El Kadi, condamné à sept ans d’emprisonnement dont cinq fermes. Au-delà de ces cas, des personnes anonymes ou peu connues sont arbitrairement emprisonnées. Nombre d’entre elles sont en détention préventive depuis des mois. Ces détenu·es viennent s’ajouter à des cas anciens dont Mohamed Baba Nejar est le plus emblématique.