Violente répression d’une manifestation syndicale

22/04/2008
Communiqué

L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, programme conjoint de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), a été informé de la violente répression dont a fait l’objet une manifestation pacifique des syndicats de l’administration publique le 15 avril 2008 à Alger, au terme de deux jours de grève. Plusieurs syndicalistes ont été violemment arrêtés et du matériel photographique et des tracts ont été saisis.

Le 15 avril 2008, des membres de l’Intersyndicale autonome de la fonction publique [1]ont demandé à rencontrer le Premier ministre Abdelaziz Belkhadem, après deux jours de grève, afin de lui faire part de leur désaccord sur le projet de revalorisation des salaires, élaboré par le gouvernement sans consultation des syndicats. Les hommes des Unités républicaines de sécurité (URS) ayant empêché cette rencontre, les syndicalistes sont passés outre l’interdiction de manifester, en vigueur depuis 2001, et ont organisé un rassemblement sur la place de la Grande Poste, où ils ont exhibé des banderoles hostiles au gouvernement. Les policiers, pris de court, sont intervenus de façon musclée afin de s’emparer des banderoles, bousculant, insultant et prenant à partie les manifestants. Les forces anti-émeutes, appelées en renfort, ont chargé les manifestants et fait usage de leurs matraques, arrêtant sept enseignants en fin de matinée, qui ont finalement été relâchés dans l’après-midi. Une militante du Conseil des lycées d’Algérie (CLA) a été violemment prise à partie et M. Nouar Larbi, membre du Conseil national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (CNAPEST), a été traîné par la veste dans la rue, arrêté, puis immédiatement relâché sous la pression de ses collègues. Au total, 10 personnes ont été arrêtées, auditionnées puis relâchées quelques heures plus tard. Dans la mesure où la police a dressé des procès-verbaux de ces auditions, il est à craindre que des poursuites ultérieures soient engagées contre les manifestants arrêtés.

L’Observatoire condamne avec la plus grande fermeté la répression de cette manifestation pacifique qui vise à restreindre les activités des syndicats et sanctionne l’exercice par des défenseurs des droits de l’Homme de leur droit à "promouvoir la protection et la réalisation des droits de l’Homme et des libertés fondamentales", conformément à la Déclaration des Nations Unies sur les défenseurs des droits de l’Homme.

Par ailleurs, l’Observatoire prie les autorités algériennes de cesser tout acte de répression à l’encontre de l’ensemble des défenseurs des droits de l’Homme et de se conformer aux dispositions de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’Homme, adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 9 décembre 1998, qui prévoit notamment en son article 6.b que "chacun a le droit, individuellement ou en association avec d’autres, d’étudier, discuter, apprécier et évaluer le respect, tant en droit qu’en pratique, de tous les droits de l’Homme et de toutes les libertés fondamentales, et par ces moyens et autres moyens appropriés d’appeler l’attention du public sur la question".

Enfin, l’Observatoire demande plus généralement aux autorités algériennes de se conformer, en toutes circonstances, aux instruments internationaux et régionaux de protection des droits de l’Homme, ainsi qu’aux dispositions de la Déclaration des Nations unies sur les défenseurs des droits de l’Homme.

Pour plus d’informations, merci de contacter :
OMCT : Delphine Reculeau : + 41 22 809 49 39
FIDH : Gaël Grilhot : + 33 1 43 55 25 18

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