La FIDH s’inquiète des atteintes répétées à la liberté d’expression

02/07/2004
Appel urgent

La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) exprime sa plus grande inquiétude à la suite des atteintes répétées à la liberté de la presse de ces dernières semaines en Algérie.

La FIDH a appris la décision des autorités algériennes du 30 juin 2004 de geler provisoirement les activités de la chaîne sattelite arabe Al-Jazira en Algérie. Cette décision a été signifiée par le Ministère de la Culture au correspondant de la chaîne qatarie à Alger au motif d’une réorganisation du travail des correspondants de la presse étrangère en Algérie. Cette fermeture intervient après la diffusion le 22 juin dernier d’une émission "Contresens" où des propos hostiles au régime algérien auraient été tenus.

Plusieurs organes de presse privés et journalistes ont récemment fait l’objet de procédures judiciaires en Algérie et plusieurs journalistes indépendants ont été condamnés à des peines de prison ferme.
Ainsi Hafnouai El Ghoul, correspondant de presse du quotidien El Youm et membre de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH), membre de la FIDH en Algérie, est emprisonné depuis le 24 mai dernier (Cf. Appel urgent de l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme du 27 mai 2004) et a été condamné le 9 juin 2004 à deux mois de prison pour diffamation pour avoir dénoncé des dysfonctionnements des services publics à Djelfa. Plusieurs plaintes en diffamation ont été déposées contre lui.
Mohamed Benchicou, directeur du quotidien Le Matin et auteur en février 2004 de l’ouvrage "Bouteflika : une imposture algérienne", a été condamné le 14 juin 2004 à deux ans de prison fermle et une amende de 20 millions de dinars pour "transfert illégal de capitaux et infraction au contrôle des changes", au terme d’un procès qui a mis en lumière d’après la LADDH "la confusion du pouvoir exécutif et du pouvoir judiciaire". Le Matin qui faisait l’objet d’un redressement fiscal depuis octobre 2003, a été mis sous scellés le 21 juin et le siège a été vendu le 26.

Ali Djerri, directeur de El Khabar, a été condamné le 20 juin à deux mois de prison ferme par le tribunal de Constantine pour diffamation.
Par ailleurs, Hassan Bourras, correspondant de plusieurs quoditiens à El Badayh, G. Lofti à correspondant de Liberté à Djelfa et Kemel Gaci, journaliste au Soir d’Algérie font également l’objet de procèdures judiciaires.

La FIDH estime que ces procédures judiciaires témoignent d’un véritable harcèlement envers les journalistes en Algérie visant à faire taire toute voix critique du régime algérien. La FIDH considère qu’il s’agit d’atteintes graves à la liberté d’expression garantie par les conventions internationales auxquelles l’Algérie est partie et notamment à l’article 19 du Pacte international sur les droits civils et politiques. A cet effet, la FIDH annonce qu’elle saisit le Rapporteur spécial des Nations unies sur la liberté d’expression ainsi que le Groupe de travail sur la détention arbitraire des cas des journalistes emprisonnés en Algérie.

La FIDH demande aux autorités algériennes :

 de cesser le harcèlement judiciaire des journalistes et organes de presse privés ;
 de libérer tous les journalistes emprisonnés ;
 de supprimer les peines de prison pour les délits de presse ;

La FIDH rappelle qu’elle n’a pas été autorisée à se rendre en Algérie depuis juin 2000, en dépit de l’assurance de la Mission permanente auprès de l’Office des Nations unies à Genève de la République algérienne démocratique et populaire à la FIDH le 7 avril 2003 qu’elle pourrait s’y rendre.

Lire la suite