LA FIDH APPELLE LES AUTORITES ALGERIENNES A FAIRE CESSER LES MENACES ET INTIMIDATIONS CONTRE LES FAMILLES DE DISPARUS

26/08/1998
Communiqué

La FIDH est vivement préoccupée par le développement de représailles et menaces proférées par les autorités à l’encontre de familles de disparus et de leurs proches en Algérie. Ainsi un habitant d’Alger a été enlevé le vendredi 21 août à 12 h 30 dans la rue après avoir assisté au rassemblement des familles de disparus qui s’était tenu au siège du Parti des Travailleurs. Emmené dans un lieu inconnu, il y a été interrogé pendant deux heures avant d’être relâché.

Le mardi 25 août, une cinquantaine de mères et d’épouses de disparus qui s’étaient rassemblées devant la prison de Constantine pour entamer une marche pacifique ont été dispersées par la force et plusieurs d’entre elles ont été interpellées. Ce rassemblement est le troisième du genre organisé dans cette ville. D’autres manifestations ont eu lieu récemment à Oran et Alger.

En effet depuis plusieurs semaines, les familles de disparus en Algérie organisent chaque mercredi un rassemblement devant le siège de l’Observatoire National des Droits de l’Homme à Alger, pour demander des nouvelles de leurs proches, disparus après un enlèvement par les forces de sécurité régulières ou des éléments des groupes dits " de légitime défense ". Plusieurs centaines de cas de disparus ont été recensés lors de ces réunions.

De même, les familles de disparus et leurs défenseurs s’étaient manifestés auprès de la mission de l’ONU conduite par M. Mario SOARES et lui avaient soumis des centaines de cas de disparitions forcées. Dans ses observations finales adoptées le 4 août 1998, le Comité des droits de l’Homme des Nations Unies avait manifesté sa " vive inquiétude " devant l’ampleur de ce phénomène, et appelé le gouvernement algérien a adopter toutes les mesures nécessaires pour y mettre fin.

Le vendredi 21 août, des centaines de familles venues des dix-sept wilayas (départements)ont tenu à Alger, en présence de Me Mahmoud KHELILI, Président du Syndicat national des avocats algériens, et de Me Mustapha BOUCHACHI, l’un de leurs avocats, une assemblée générale en vue de constituer une association nationale des familles disparus. En France, un Collectif de familles de disparus regroupant les familles algériennes ou d’origine algérienne qui ont un proche disparu en Algérie s’est constitué en mai dernier ; ce Collectif a organisé en juillet 1998 une tournée européenne en compagnie de familles venues spécialement d’Algérie.

La FIDH appelle les autorités algériennes à adopter toutes les mesures nécessaires pour que cessent les pratiques de menace et d’intimidation à l’égard des familles de disparus, et pour qu’elles puissent exprimer librement leurs doléances, conformément aux dispositions du droit algérien et international. De même la FIDH appelle les autorités algériennes à diligenter toutes les enquêtes nécessaires pour faire la lumière sur tous les cas de disparitions forcées et de séquestrations qui lui ont été signalées par les familles, les défenseurs des droits de l’Homme en Algérie et les organisations internationales des droits de l’Homme ; et à mettre en oeuvre dans les meilleurs délais l’ensemble des autres recommandations du Comité des droits de l’Homme des Nations Unies.

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