L’ Algérie et la question Amazighe

10/03/2001
Communiqué

A l’occasion de la 58ème session du Comité des Nations Unies pour l’élimination de la discrimination raciale (5 au 23 mars 2001), la FIDH publie un rapport alternatif au rapport présenté par l’Algérie devant le Comité (CERD/C/362/Add.6, du 4 octobre 2001), qui concerne plus particulièrement la question Amazighe.

Depuis l’indépendance de l’Algérie, la langue et la culture amazighes sont menacées par la politique de monolinguisme et de refus, sous les gouvernements successifs, de prendre en considération le pluralisme culturel et linguistique du pays. Cette politique a été un instrument de privation et de musellement de la population. Elle trouve ses racines dans la définition contemporaine de la nation algérienne, telle qu’elle figure dans les différentes constitutions du pays depuis l’indépendance. Son expression se retrouve dans plusieurs lois, dont la Loi sur la généralisation de la langue arabe, qui est entrée en vigueur le 5 juillet 1998. Cette politique dénie toute différence ou spécificité culturelle, autre que l’arabe, portant atteinte aux droits et libertés fondamentales reconnus par les article 1, 5-c, 5-d et 5-e de la Convention internationale pour l’élimination de toute forme de discrimination raciale.

Sous la pression de la population amazighe, les autorités algériennes ont créé un Haut commissariat à l’Amazighité, en charge de la " réhabilitation et de la promotion de l’amazighité ". Mais son mandat, sa composition, et ses ses activités, plus que réduites, font de cette institution une " coquille " pratiquement vide.

A la lumière de cette situation, la FIDH recommande au Comité des Nations Unies pour l’élimination de la discrimination raciale de :

 prier instamment le gouvernement algérien de reconnaître l’importance de la culture amazighe au niveau constitutionnel ;
 prier instamment le gouvernement algérien de reconnaître le Tamazigh comme une des langues nationales et officielles ;
 prier instamment le gouvernement algérien d’instaurer le pluralisme, em autorisant par là même l’usage du Tamazigh dans la vie publique ;
 prier instamment le gouvernement algérien d’instaurer un enseignement généralisé du Tamazigh et de la culture amazigh ; comme devrait être fait pour chaque langue d’importance nationale.

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