Rencontre avec M. Laurent Fabius : la FIDH fait part de ses préoccupations concernant plusieurs situations internationales

19/10/2012
Communiqué

Lors d’un entretien qui s’est déroulé hier avec le ministre français des Affaires étrangères, Monsieur Laurent Fabius, en présence de la présidente de la FIDH, Souhayr Belhassen, et de Patrick Baudouin et Sidiki Kaba, présidents d’honneur, la FIDH a soulevé un certain nombre de préoccupations au regard de la situation des droits humains.

La FIDH a insisté sur la nécessité de voir la France continuer de se mobiliser en faveur d’une résolution aussi rapide que possible de la crise syrienne et pour que les responsables des crimes les plus graves ne restent pas impunis. « La proposition de Lakhdar Brahimi, émissaire des Nations unies et de la Ligue des États arabes, portant sur l’instauration d’un cessez-le-feu doit être soutenue. Tout ce qui peut constituer un répit pour la population syrienne confrontée à la violence aveugle ne peut qu’être encouragé. Toutefois, ce cessez-le-feu ne peut être vu que comme une étape d’un processus visant à mettre fin au bain de sang et à l’arbitraire » a déclaré Souhayr Belhassen. Un échange a également eu lieu sur la situation humanitaire et le nombre croissant de réfugiés, qui constitue un risque de déstabilisation au niveau régional, en particulier pour la Jordanie et le Liban.

S’agissant de la Tunisie, la FIDH a souligné que le moment était décisif pour encourager les autorités à prendre les mesures nécessaires pour garantir un plus grand respect des libertés individuelles, l’indépendance de la justice et à consolider les acquis en matière de droits des femmes. Le même message doit être adressé aux membres de l’Assemblée nationale constituante.

La FIDH a abordé la situation israélo-palestinienne, appelant la France à adopter une position ferme en faveur d’une reprise du dialogue entre les deux parties ; de la dénonciation de la colonisation et de la situation préoccupante du peuple palestinien. « La France doit parler d’une voix forte et appeler l’Union européenne à dénoncer les violations des droits de l’Homme commises par Israël dans les territoires palestiniens » a déclaré Patrick Baudouin.

La FIDH a demandé à la France de soutenir les processus démocratiques en cours en Guinée et en Côte d’Ivoire, rappelant la nécessité d’une justice impartiale et de la mise en place de mécanismes de justice transitionnelle. Concernant le Mali, la FIDH a salué l’engagement de la France, aux côtés de la communauté internationale, en faveur d’une intervention de la CEDEAO. « Alors que de nombreux pays africains s’apprêtent à organiser des élections, comme en Guinée, en République démocratique du Congo, au Burkina Faso, au Togo ou au Cameroun, la France doit exhorter les autorités de ces pays à organiser des élections libres et transparentes et à engager des dialogues sincères avec l’opposition, afin de prévenir la résurgence de conflits » a déclaré Sidiki Kaba. Dans ces mêmes pays, les forces d’opposition doivent pouvoir manifester pacifiquement et exprimer librement leurs revendications, tout en faisant preuve de responsabilité. 

Par ailleurs, la FIDH a renouvelé son engagement en faveur de l’abolition universelle de la peine de mort, y compris dans les pays ayant décrété un moratoire, ce en lien avec les initiatives prises par la France dans ce domaine.

La FIDH a également alerté le ministre sur la situation des défenseurs des droits de l’Homme dans un certain nombre de pays, en particulier au Bahreïn, où est détenu, après avoir été condamné à une peine de trois ans de prison, son Secrétaire général adjoint, Nabeel Rajab ; au Bélarus, où son vice président, Ales Bialiatski a été condamné en novembre 2011 à 4 ans et demi d’emprisonnement, dans une volonté délibérée de réprimer ses activités de défense des droits de l’Homme ; en Ouzbékistan, où au moins 10 défenseurs continuent d’être détenus ; et enfin en Russie, où une législation est sur le point d’entrer en vigueur obligeant les organisations de défense des droits de l’Homme qui reçoivent des financement de l’étranger à s’enregistrer en tant qu’« agents de l’étranger ».

Enfin, sur la justice internationale et à la veille de l’Assemblée des Etats parties à la Cour pénale internationale (CPI), la FIDH a rappelé que la France, qui avait joué un rôle moteur pour consacrer les droits des victimes devant la CPI, doit être en première ligne pour préserver la pleine et entière participation des victimes, y compris à travers une représentation légale efficace et indépendante dans les procédures en cours.

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