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Oleksandra Matviichuk, avocate ukrainienne des droits humains : « J’ai choisi de ne pas être indifférente »

« Le Monde » a rencontré la directrice du Centre pour les libertés civiles, ONG qui documente les crimes de guerre russes en Ukraine et a été récompensée par le prix Nobel de la paix 2022, lors de son passage à Paris.

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Publié le 28 octobre 2022 à 11h00, modifié le 29 octobre 2022 à 18h08

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Oleksandra Matviichuk, présidente de l'ONG Centre pour les libertés civiles et prix Nobel de la paix 2022, à Paris, le 27 octobre 2022.

Quand la sonnette retentit chez elle en pleine nuit, ce 24 février, Oleksandra Matviichuk croit d’abord que son heure est venue. Elle a des dizaines d’appels en absence. Son mari ouvre la porte. En réalité, c’est un ami venu les prévenir : la Russie vient d’envahir l’Ukraine. « J’étais persuadée que c’étaient les services de sécurité qui venaient m’arrêter, à cause de notre combat pour qu’ils soient réformés », sourit l’avocate ukrainienne, 39 ans, directrice du Centre pour les libertés civiles. Cette organisation de défense des droits humains, créée en 2007, a été récompensée le 7 octobre par le prix Nobel de la paix 2022, de concert avec l’ONG russe Memorial et l’opposant biélorusse Ales Bialiatski.

Etrangement, Oleksandra Matviichuk se sent alors « incroyablement calme ». Elle prend son petit déjeuner, puis part au travail. En chemin, elle s’étonne : Kiev, si vivante et bruyante, d’ordinaire, est vide. Il n’y a guère que des files de voitures tentant de prendre la fuite. « C’est comme si la ville avait perdu ses couleurs. » La jeune femme prend deux photos de ce moment suspendu, puis rejoint son bureau. Pour elle comme pour des millions d’Ukrainiens, un éprouvant marathon commence.

Plus de 36 000 crimes de guerre

Très vite, Oleksandra Matviichuk et son équipe – une vingtaine de personnes – décident de documenter les crimes de guerre commis par les troupes russes. L’Ukraine en a déjà identifié plus de 36 000 à ce jour, mais « ce n’est que la partie émergée de l’iceberg », assure l’avocate, que Le Monde a rencontrée jeudi 27 octobre, lors de son passage à Paris. « En ce moment même, des gens sont torturés dans les territoires occupés », s’inquiète la militante à la frêle silhouette et aux longs cheveux bruns.

Elle regrette que les nombreuses alertes que son ONG a lancées depuis le début de la guerre en Ukraine, en 2014, soient restées sans effet. Pendant huit ans, les séparatistes prorusses du Donbass, soutenus en sous-main par Moscou, ont réprimé toute contestation et torturé les opposants. « On a envoyé des rapports à toutes les organisations internationales, l’ONU, l’OSCE [Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe], le Conseil de l’Europe… Rien n’a marché, et maintenant ces crimes se multiplient. » A ses yeux, le diagnostic est clair : « Le système international pour garantir la sécurité et la paix dans le monde est en ruines. Il faut le réparer. Et cela commence par l’exclusion de la Russie du Conseil de sécurité de l’ONU et la fin de l’impunité. »

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