Privilégier une solution pacifique et concertée pour les prisons " F "

12/04/2001
Communiqué

La FIDH est vivement préoccupée de la persistance des grèves de la faim dans les prisons " F " vers lesquelles ont été transférés de force plusieurs détenus, à l’occasion de l’opération particulièrement brutale, menée par les forces de police, en décembre 2000 , sous le prétexte, peu crédible, de sauver des vies, alors même que 32 personnes ont finalement trouvé la mort, en quelques jours.

Les autorités pénitentiaires turques ne peuvent décemment opposer indéfiniment une prétendue mise en conformité de leurs centres de détention avec les normes européennes, alors que la mise en œuvre de cellules individuelles ou pour deux ou trois détenus, vise avant toute préoccupation de confort ou d’amélioration du statut carcéral, à séparer les prisonniers politiques et à les priver de toute vie collective.

La politique carcérale de certains pays d’Europe occidentale et notamment celle de la France a été, il y a quelques années, dénoncée lorsqu’ont été mis en place des centres de détention, dits de " haute sécurité " : ceux-ci se caractérisaient par une politique d’isolement systématique, vivement condamnée par non seulement les organisations de défense des droits de l’homme mais aussi les médecins et psychiatres, unanimes pour dire les effets désastreux qu’une telle politique carcérale d’enfermement total, pouvait avoir sur la personnalité et le psychisme des détenus, brisant définitivement tout espoir de réinsertion.

La Turquie se doit, à l’heure où des actes concrets sont attendus de sa part, traduisant sa volonté d’améliorer la situation des droits de l’homme dont elle reconnaît elle même qu’elle est loin de satisfaire aux critères de Copenhague, d’ouvrir le dialogue avec les détenus, leurs avocats et les représentants de la société civile. Les barreaux, et notamment celui d’Istanbul, les ONG de défense des droits de l’homme et les familles de prisonniers devront être étroitement associés à ces pourparlers afin de trouver une solution rapide et pacifique à cette situation, conciliant à la fois les impératifs de sécurité et les droits élémentaires qui sont ceux des détenus de pouvoir, en particulier bénéficier de soins appropriés et continuer, en dépit de leur incarcération, à partager des instant de vie collective avec leurs co-détenus.

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