NOUVEL ATTENTAT CONTRE L’ASSOCIATION TURQUE DES DROITS DE L’HOMME (IHD)

25/11/1999
Communiqué

A midi, ce jour, le siège de l’IHD, à Ankara, association turque des droits de l’homme, affiliée de la FIDH et de l’OMCT, a été pris d’assaut par une quarantaine de personnes, se réclamant de l’association des familles de Martyrs (Ndlr : familles des soldats turcs tués dans le Sud Est).

Les intrus ont pendant près d’un quart d’heure saccagé les bureaux de l’association, brisant meubles et vitres, et pris à partie les membres de celle-ci qui s’y trouvaient.

Notamment Ösnü Öndül, Président intérimaire de l’association depuis l’incarcération d’Akin Birdal, Président en titre, et vice-président de la FIDH a été pris à partie et légèrement blessé par des assaillants, alors même qu’il donnait une interview à un journaliste japonais. Un autre membre de l’IHD a été grièvement blessé et transporté à l’hôpital .

Des officiers de police qui depuis l’attentat dont Akin Birdal a été victime en mai 1998, au siège de l’association, sont postés en faction, dans la rue au pied de l’immeuble, semblent ne pas être intervenus pour s’interposer, empêcher les assaillants de poursuivre leurs exactions, voire solliciter du renfort pour procéder à l’interpellation de ceux-ci, à leur sortie de l’immeuble.

Ces faits interviennent le jour même du verdict de la Cour de Cassation dans l’affaire Ocalan, qui a pourtant confirmé l’exécution capitale du leader de la rébellion kurde, dont la défense avait été assurée pour partie par des avocats membres de l’IHD. L’attentat commis en mai 98, à l’encontre d’Akin Birdal dont il a miraculeusement réchappé, avait été revendiqué par des groupes extrémistes, accusant entre autres l’IHD et son Président, de leurs prises de position en faveur de la paix dans le Sud Est et de soutien au mouvement dirigé par Ocalan. Le fait qu’un nouvel assaut ait pu se reproduire à l’encontre de l’IHD atteste de l’insuffisance des mesures de protection que les autorités turques s’étaient pourtant engagées à mettre en place afin d’assurer la sécurité des membres de l’IHD et de leurs locaux.

Ces actes de vandalisme et ces agressions constituent des délits, voire des crimes et leurs auteurs ne sauraient rester impunis. Ils démontrent malheureusement une fois encore que les défenseurs des droits de l’homme sont en Turquie la cible privilégiée de groupes extrémistes. A l’heure où la Turquie frappe une nouvelle fois à la porte de l’Europe, tels agissements sont inacceptables et leur tolérance, voire tacite approbation par les autorités inadmissible. La FIDH et l’OMCT demandent aux autorités turques de tout mettre en œuvre pour identifier les assaillants, procéder à leur arrestation puis à leur jugement et assurer une réelle sécurité des militants des droits de l’homme de Turquie.

La FIDH et l’OMCT en appellent enfin à la communauté internationale et aux pays de l’UE pour sommer la Turquie de faire respecter l’Etat de droit et l’ordre public, l’adhésion de celle-ci aux critères démocratiques européens commençant par le respect des droits de l’homme et de la sécurité de ceux qui les défendent.

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