Guerre en Ukraine : traduction inédite du rapport de Memorial sur le rôle du régiment de Kadyrov

Memorial

Paris, 30 novembre 2022. Alors que le Parlement européen considère dorénavant la Russie comme un État soutenant le terrorisme, la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) propose une traduction inédite d’un rapport de l’ONG russe Mémorial, intitulé « La milice de Kadyrov en guerre en Ukraine ». Ce rapport décrit les activités du 141e régiment spécial motorisé «  Nord », surnommé « les Kadyrovtsy », durant les premiers mois de la guerre. Ce groupe et le groupe paramilitaire Wagner pourraient être placés sur la liste des organisations terroristes reconnues par l’Union européenne.

Initialement publié en russe par le centre de défense des droits humains Memorial en août 2022, le rapport « La milice de Kadyrov en guerre en Ukraine » décrit les activités du 141e régiment spécial motorisé «  Nord » de Kadyrov et d’autres forces de sécurité de la région du Caucase du Nord lors de la dernière phase de la guerre en Ukraine. Il couvre la période du 24 février 2022 au 15 juillet 2022.

Le rapport détaille l’identité des « Kadyrovtsy », leur rôle dans « l’opération militaire spéciale », ainsi que les conflits et les affrontements datant d’avant le 24 février 2022. Il présente également l’engagement d’unités tchétchènes, combattant aux côtés des forces régulières ukrainiennes. Ces unités sont composées de Tchétchènes réfugié·es en Europe occidentale.

« Les crimes internationaux commis par la Russie en Ukraine s’inscrivent dans le sillage de violations graves et massives des droits humains, commises à l’intérieur des frontières nationales »

Alexandre Tcherkassov, de Memorial

« Pendant près de deux décennies, les Kadyrovtsy ont été responsables de centaines de disparitions forcées et d’actes de torture, entre autres innombrables abus », ajoute Alexandre Tcherkassov. « Leurs crimes en Russie et leur réputation les ont désigné·es comme coupables spécifiques des atrocités commises en Ukraine. Les Kadyrovtsy prennent un soin particulier à entretenir une image violente, reprise par les médias. En réalité, ils·elles commettent autant de crimes que les autres services de sécurité russes. Ni plus, ni moins. Bien entendu, le pouvoir russe n’est que trop heureux de détourner l’attention sur ce groupe et sur les autres minorités ethniques ».

« Une fois de plus, Mémorial montre à quel point son travail est précieux et à quel point la communauté internationale a besoin de ses analyses et de son décryptage du système oppressif russe. Les crimes commis aujourd’hui par l’État russe en Ukraine s’inscrivent dans la continuité des crimes commis hier en Syrie, en Géorgie et en Tchétchénie. C’est un système qu’il faut démanteler. »

Oleksandra Matviitchuk, vice-présidente de la FIDH et présidente de l'organisation ukrainienne Center for Civic Liberties (CCL)

Le Centre des droits humains Memorial, dissout par la justice russe à la veille de la ré-invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022, a identifié les unités impliquées dans les crimes de guerre. Le rapport confirme la présence de ces forces à Bucha, lieu de la première scène de crimes de guerre découverte en Ukraine, ainsi qu’à Irpin, Hostomel et Borodianka. Ce travail pourrait se révéler crucial pour de potentielles poursuites pénales, qu’elles soient dans le cadre de la justice internationale, de tribunaux spéciaux ou de justices nationales sous le régime de la compétence universelle (comme c’est le cas en France, en Belgique ou en Allemagne).

Lire la version française du rapport :

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