Russie : le défenseur des droits humains Oleg Orlov libéré

Memorial.hrc

Oleg Orlov a été libéré le 1er août 2024 dans le cadre d’un échange de prisonnier⋅es après plus de cinq mois de détention arbitraire et des années de harcèlement judiciaire en Russie. L’Observatoire pour la protection des défenseur⋅es des droits humains, partenariat entre la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), est profondément soulagé par cette nouvelle et salue les efforts des pays qui ont contribué à sa libération. L’Observatoire rappelle cependant qu’il n’aurait jamais dû être détenu et appelle à la libération de tou·tes les autres défenseur·es des droits humains et prisonnier⋅es politiques en Russie.

Paris, Genève, 2 août 2024. Oleg Orlov a été libéré et a quitté la Russie en toute sécurité, dans le cadre d’un vaste échange de prisonnier⋅ères entre la Russie et des pays occidentaux. Sa libération s’est faite en même temps que celles de 15 autres prisonnier⋅es politiques russes, journalistes, militant⋅es et opposant⋅es politiques au régime de Vladimir Poutine.

« Oleg n’a jamais voulu quitter la Russie. Même lorsqu’il a reçu des menaces. Il n’a jamais demandé à être gracié ou échangé. Mais les autorités ont trouvé le moyen de se débarrasser d’un des meilleurs éléments du pays », a déclaré Natalia Morozova, responsable par intérim du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de la FIDH. « Nous sommes heureux⋅ses de voir Oleg libre, mais cette joie est assombrie par le fait qu’il est en exil et que des centaines d’autres prisonnier⋅es politiques languissent en Russie ».

Oleg Orlov était co-président de l’ONG russe de défense des droits humains Memorial Human Rights Defence Center (HRDC Memorial), organisation membre de la FIDH. Le 9 juillet 2024, la ville de Paris a fait d’Oleg Orlov un citoyen d’honneur de Paris. Il avait déjà reçu le prix Sakharov pour la liberté d’expression en 2009, et le prix du groupe Helsinki de Moscou en 2012.

« Nous avons continuellement documenté et condamné le lourd harcèlement judiciaire d’Oleg Orlov depuis des années », a ajouté Maryia Kvitsinskaya, conseillère aux droits humains pour le programme Europe et Asie centrale de l’OMCT. « Sa libération est un accomplissement significatif, mais elle reflète également la réduction au silence systématique des défenseur·es des droits humains en Russie, qui prive la population de ses défenseur·es les plus déterminé·es ».

La fin d’années de harcèlement judiciaire

Le 11 octobre 2023, le tribunal du district de Golovinsky à Moscou a reconnu Oleg Orlov coupable « d’actions publiques visant à discréditer l’utilisation des forces armées de la Fédération de Russie » et l’a condamné à une amende de 150 000 roubles (environ 1 409 euros). Cette décision fait suite à son article « Russie : ils voulaient le fascisme, ils l’ont eu » publié dans Le Club de Médiapart, le 13 novembre 2022.

Alors qu’Oleg Orlov déposait un premier appel pour demander l’acquittement, le bureau du procureur a également déposé un appel demandant trois ans d’emprisonnement. Le 27 février 2024, le tribunal du district de Golovinsky a condamné Oleg Orlov à deux ans et six mois dans une colonie correctionnelle du régime général et il a été conduit au centre de détention № 7 « Kapotnia » à Moscou. Il a interjeté appel de cette décision le 18 mars 2024.

Le 17 avril 2024, avant même l’exécution du jugement, M. Orlov a été transféré illégalement dans un centre de détention provisoire à Syzran, à 900 kilomètres de Moscou, ce qui l’a empêché de consulter son avocat en privé et a porté atteinte à son droit à une défense équitable. Le 11 juillet 2024, son appel a été rejeté et le verdict de deux ans et six mois d’emprisonnement dans une colonie correctionnelle du régime général a été appliqué.

L’Observatoire salue les efforts de la communauté internationale qui ont conduit à la libération d’Oleg Orlov. L’Observatoire appelle à la poursuite de ces efforts pour obtenir la libération de tou·tes les autres défenseur·es des droits humains arbitrairement emprisonné·es en Russie et leur permettre de poursuivre leurs activités légitimes.

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