Dans un rapport publié le 20 juillet 2022, Chronique d’une mort annoncée : la liquidation d’organisations légendaires de défense des droits humains en Russie, la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), qui a suivi la procédure de liquidation, décrit ce processus, l’analyse au regard du droit international et des droits humains et évalue les conséquences démocratiques de cette décision.
Dans ce rapport, la FIDH constate que la liquidation, qui a débuté en novembre 2021 et s’est terminée lorsque tous les recours ont été épuisés en avril 2022, a été commise en violation du droit d’association et d’expression des organisations. La FIDH prouve son caractère discriminatoire et politiquement motivé. La fermeture forcée des deux Memorials aura des répercussions dévastatrices pour les victimes de violations des droits humains et pour tou·tes celles et ceux qui cherchent à obtenir justice pour les abus commis à l’époque soviétique en Russie et à connaître la vérité.
« Les véritables raisons de la procédure de liquidation sont apparues clairement au cours des procès, effaçant tout doute. L’État russe ne supporte plus les critiques sur ses violations des droits humains, mais également sur celles de son prédécesseur soviétique - en particulier à un moment où une telle critique pourrait nuire à l’effort de guerre en Ukraine ».
Les plaintes simultanées déposées par les procureurs locaux et fédéraux contre les organisations visaient à obtenir leur dissolution pour violations répétées des lois sur les agents étrangers, pour violations supposées des normes internationales en matière de droits humains, notamment de la Convention relative aux droits de l’enfant, et dans le cas de Memorial Human Rights Center, pour apologie du terrorisme. Les procédures kafkaïennes ont reflété l’absurdité des accusations.
« Malgré les tentatives des autorités russes de liquider Memorial, la lutte pour la vérité et contre l’impunité - de la terreur bolchevique aux première et deuxième guerres de Tchétchénie, en passant par la Syrie et l’Ukraine, se poursuivra ».
« Avant de commencer cette terrible guerre, l’État russe avait besoin de faire disparaître les organisations de défense des droits humains et l’idée même de droit », explique Natalia Morozova, de Memorial International. « Ce procès devrait figurer dans les manuels scolaires d’histoire comme la démonstration classique d’un mépris total de la justice et du droit par les juges et les procureur·es russes, typique de la fin de l’ère Poutine. »
« J’espère que très bientôt, nous assisterons au procès des juges qui ont pris la décision illégale de liquider Memorial ».
Memorial International est une organisation non gouvernementale qui enquête sur la répression politique dans les anciennes républiques soviétiques et promeut la réhabilitation psychologique et juridique des personnes soumises à la répression politique. Memorial HRC, une organisation membre de la FIDH, est l’une des premières organisations à but non lucratif de défense des droits humains dans la Russie d’aujourd’hui. Memorial HRC compile et tient à jour une liste de prisonnier·es politiques basée sur la définition approuvée par la résolution 1900 de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE).
Lire le rapport en français :