Une initiative de la société civile "Pour la fin de la guerre et pour la restauration de la paix dans la République de Tchétchénie".

12/11/2002
Communiqué

Les 9 et 10 novembre 2002, s’est déroulée à Moscou une Conférence intitulée "Pour la fin de la guerre et pour la restauration de la paix dans la République de Tchétchénie" dont le slogan était "Guerre en Tchétchénie : actions terroristes, crimes de guerre, brisons le cercle vicieux de la violence"

Paris, le 12 novembre 2002

Cette Conférence, à laquelle la FIDH a participé, était organisée par le "Comité russe pour la fin de la guerre et la restauration de la paix dans la République de Tchétchénie", composé de plusieurs organisations de la société civile russe dont "Memorial", "Assistance civile", et "Pour les Droits de l’Homme".

La Conférence, prévue de longue date, a revêtu une importance particulière avec la prise d’otages du théâtre Dubrovka à Moscou le 23 octobre et l’arrestation par les autorités danoises de M. A. Zakaev, ministre de la Culture Tchétchène et représentant du Président Maskhadov.

Cette Conférence a eu lieu malgré de fortes pressions des autorités de la Fédération de Russie.

Elle a rassemblé plusieurs membres d’ONG russes, tchétchènes et internationales, des représentants de la "diaspora" tchétchène à Moscou, comme Rouslan Khasboulatov, ancien porte-parole de la Douma, des députés de la Douma comme Serguei Kovalev ou Anatoli Rybakov, mais aussi des membres et représentants de partis politiques russes, comme Grigorii Yavlinskii, président du parti démocrate "Yabloko", Youri Youshenkov, co-président du parti "La Russie libérale", et un membre de l’Union des forces de droite.

Les organisateurs ont déploré l’absence de représentants de l’administration tchétchène pro-russe qui pourtant avaient été invités à participer à la conférence.

Les discussions ont porté sur l’examen de différentes propositions de plans de règlement politique du conflit. Si aucun plan n’a été adopté en tant que tel par l’ensemble des participants, tous se sont accordés sur la nécessité que soient menées sans tarder et sans conditions préalables des négociations entre les deux parties. La plupart des participants ont appelé à une médiation internationale pour le processus de paix.

Les participants se sont également mis d’accord sur le fait que le déroulement d’élections et la tenue d’un référendum portant sur le vote d’une nouvelle constitution en Tchétchénie étaient inacceptables avant la fin des opérations militaires ; les conditions actuelles dans la République de Tchétchénie ne pouvant pas permettre le déroulement d’élections libres et démocratiques.

Le "Comite russe pour la fin de la guerre et la restauration de la paix dans la République de Tchétchénie" a été désigné pour assurer le suivi des travaux et réunir un Groupe de travail réduit, aux fins d’élaborer des recommandations à l’intention des autorités de la Fédération de Russie, de la République de Tchétchénie, et à la communauté internationale.

Ce groupe de travail devra aussi adopter une position commune sur l’application de la loi sur l’Etat d’urgence au conflit en Tchétchénie, sur la forme des négociations, et avant tout sur la représentation côté tchétchène, sur l’internationalisation du processus de paix, les conditions juridiques du processus de paix, le développement d’initiatives citoyennes visant à démontrer aux autorités russes la nécessité absolue d’engager des négociations, et enfin sur le futur statut de la Tchétchénie.

Le 10 novembre, le deuxième jour de la Conférence, le Président Vladimir Poutine a réuni au Kremlin des membres de l’administration tchétchène pro-russe, un député tchétchène à la Douma, et des représentants d’organisations de la société civile tchétchène. Plusieurs des personnes qui ont assisté à cette réunion avaient précédemment assuré les organisateurs de la Conférence "Pour la fin de la guerre et pour la restauration de la paix dans la République de Tchétchénie" de leur présence.

Les organisateurs ont estimé que la Conférence avait en quelques sorte semé le trouble dans l’administration du Président au point que celui-ci décide d’organiser une réunion parallèle.

V. Poutine a, à l’occasion de cette réunion du 10 novembre au Kremlin, pour la première fois, utilisé le mot "guerre" pour caractériser les opérations en Tchétchénie. Il a une fois de plus répété qu’il ne négocierait pas avec des terroristes, et a indiqué qu’au printemps 2003 se tiendrait en Tchétchénie un référendum sur une nouvelle constitution.

La FIDH soutien l’initiative de la société civile indépendante qui vient de se tenir à Moscou et rappelle une nouvelle fois que la seule issue possible au conflit en Tchétchènie réside dans une issue politique et pacifique.

A cet égard, la FIDH déplore l’attitude de l’Union européenne lors du 10eme sommet de l’UE et la Russie. La mention du conflit en Tchétchènie a été limitée à l’intervention de la Présidence danoise lors de la conférence de presse finale. Les violations massives des droits de l’Homme dont sont responsables les autorités russes ont été, une fois encore, sacrifiées. Les pressions exercées ces derniers jours par les autorités russes sur les pays européens semblent avoir payé. Comble du cynisme, la déclaration conjointe sur le terrorisme ne mentionne absolument pas la situation en Tchétchénie et l’Union et la Russie se sont limités à se déclarer " unis dans la lutte contre le terrorisme ".

L’Union européenne a une nouvelle fois gâché une occasion de se positionner comme un intermédiaire dans les négociations entre les deux parties. Surtout, elle a fuit ses responsabilités et renier les valeurs universelles qui fondent le projet européen et ce, au mépris le plus grand, des victimes de la guerre en Tchétchènie.

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