La Communauté internationale doit imposer rapidement le dialogue

23/04/1998
Rapport

A l’heure où le Président Milosevic teste une nouvelle fois l’ardeur nationaliste en Serbie en posant la question de l’implication de représentants étrangers dans la recherche d’une solution au Kosovo, la Commission des Droits de l’Homme des Nations Unies vient de voter (41 oui, 12 abstentions dont la Russie et la Chine et aucun veto) une résolution sur l’Ex-Yougoslavie.

Une partie importante de cette résolution est consacrée au Kosovo où un rapporteur spécial s’était rendu début avril, pour enquêter sur les événements meurtriers qui s’étaient déroulés début mars dans la région de Drenica. La Commission y condamne "la répression violente de manifestations non violentes d’opinions politiques, en particulier les brutales opérations de police ainsi que le recours excessif à la force contre la population civile...le massacre de civils innocents et le terrorisme sous toutes ses formes et de la part de quiconque..".

En outre la Commission "insiste pour que le gouvernement de la RFY prenne, immédiatement, face à la détérioration de la situation et au risque d’escalade de la violence, des mesures tendant à mettre fin à la répression persistante menée contre la population souche albanaise... procède au retrait total du Kosovo de sa police spéciale, permette l’établissement d’institutions démocratiques au Kosovo et donne son accord à l’établissement d’un bureau du Haut Commissaire aux Droits de l’Homme à Pristina, élargisse la coopération avec les autres acteurs régionaux et internationaux, notamment en autorisant la reprise des missions à long terme de l’OSCE et l’établissement d’une présence de l’Union Européenne au Kosovo ".

La FIDH se félicite de l’adoption de cette résolution (à laquelle aucun pays n’a mis son veto) notamment des demandes pressantes qui y sont faites directement à Slobodan Milosevic, Président de la RFY, de prendre les mesures propres à la cessation immédiate de la répression policière, au respect des droits de l’Homme les plus élémentaires, et à une coopération avec les acteurs régionaux et internationaux.

La FIDH déplore cependant qu’au même instant le président Milosevic, avec l’appui officiel des ultranationalistes du parti radical de Vojislav Seselj, défie une fois encore les instances internationales en mettant aux voix d’une population manipulée et que le délabrement du tissu économique a rendu en état de totale asthénie, la médiation d’acteurs internationaux dans le règlement de la situation au Kosovo.

C’est encore pour défier la clémence du Groupe de Contact que Belgrade a mis à profit le délai de grâce qui lui était accordé pour déployer de nouvelles forces armées au Kosovo.

La FIDH appelle les membres du groupe de Contact à prendre de toute urgence les mesures les plus fermes qui s’imposent pour qu’un dialogue entre la communauté albanaise du Kosovo et le régime de Belgrade puisse s’ouvrir. L’exigence albanaise d’une médiation étrangère pour l’ouverture d’un tel dialogue apparaît d’autant plus légitime quand la menace d’un nouvel assaut des forces serbes est aussi imminente.

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