Agression de M. Ramazan Dyryldaev

L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, un programme conjoint de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), exprime sa vive inquiétude suite à l’agression dont a été victime M. Ramazan Dyryldaev, président du Comité kirghize des droits de l’Homme (KCHR).

Le 6 avril 2007, M. Dyryldaev a participé à une émission télévisée lors de laquelle il a émis des critiques à l’encontre de la politique menée par les autorités kirghizes, en particulier le président de la République, M. Kourmanbek Bakiev, et le dirigeant de l’opposition et ancien premier ministre, M. Felix Koulov, les accusant d’être mêlés à des affaires de corruption. Il a également insisté sur le fait que le projet de Constitution adopté en décembre 2006 n’avait pas tenu compte des aspirations démocratiques de la « révolution des tulipes » de mai 2005.

Quelques jours auparavant, le 4 avril 2007, M. Dyryldaev avait publié une lettre ouverte adressée à M. Koulov, dirigeant du « Front Réuni pour l’avenir digne du Kirghizistan », en lui demandant de ne pas poursuivre des actions de protestation anti-gouvernementales, comme grèves de la faim et manifestations, qui créent une situation explosive dans le pays.

Dans la soirée du 6 avril, M. Dyryldaev a été victime d’une violente agression aux abords de son domicile. Deux hommes cagoulés et vêtus de noir l’ont attaqué à coups de pierres. M. Ramazan Dyryldaev, poursuivi, a pu se réfugier chez lui in extremis. Les agresseurs ont alors brutalement frappé à sa porte tout en proférant des menaces.

Le lendemain, deux inconnus se sont présentés au bureau de M. Dyryldaev, cherchant à savoir où il se trouvait. Depuis ce jour, le défenseur des droits de l’Homme et les membres de sa famille n’ont cessé de recevoir des menaces par téléphone.

Cible des autorités kirghizes à l’époque du président Akaev, traqué et contraint à l’exil en Autriche, Ramazan Dyryldaev avait regagné le Kirghizistan en mars 2005. Le Comité kirghize des droits de l’Homme, qu’il dirige, a été privé de son statut légal en novembre 2003, date à laquelle une organisation formée par d’anciens membres du Comité avait usurpé le nom du KCHR afin de discréditer ses actions. Malgré les déclarations répétées des autorités kirghizes, aucune suite n’a été donnée à la demande d’annulation de ce double juridique, condition au re-enregistrement du « vrai » Comité.

L’Observatoire condamne avec la plus grande fermeté l’agression dont a été victime Ramadan Dyryldaev et le harcèlement dont lui et sa famille font actuellement l’objet. Il appelle les autorités à prendre toutes les mesures nécessaires afin d’y mettre un terme, et de mener une enquête indépendante et impartiale afin d’identifier les auteurs de ces actes et de les poursuivre en justice.

L’Observatoire demande plus généralement aux autorités kirghizes de se conformer aux dispositions de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’Homme, adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 9 décembre 1998, notamment à son article 8, qui dispose que « chacun a le droit, individuellement ou en association avec d’autres, [...] de soumettre aux organes et institutions de l’État, ainsi qu’aux organismes s’occupant des affaires publiques, des critiques et propositions touchant l’amélioration de leur fonctionnement, et de signaler tout aspect de leur travail qui risque d’entraver ou empêcher la promotion, la protection et la réalisation des droits de l’homme et des libertés fondamentales ».

Pour plus d’informations, merci de contacter :

OMCT : Delphine Reculeau : + 41 22 809 49 39 / FIDH : Gaël Grilhot : + 33 1 43 55 25 18

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