Retrait de la Hongrie de la Cour pénale internationale : quelles conséquences pour Viktor Orbán ?

Attila KISBENEDEK / AFP
  • Le Président hongrois Viktor Orbán, a annoncé le 3 avril 2025 sa décision de retirer la Hongrie du Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI). La ratification du Statut de Rome est considérée comme l’une des conditions pour adhérer à l’Union européenne (UE).
  • Ce retrait a été annoncé alors que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, un suspect de la CPI recherché pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, était en visite officielle en Hongrie.
  • Cette dernière manœuvre de Viktor Orbán s’inscrit dans une offensive contre la justice internationale et les droits humains, menée par des régimes en faveur de l’impunité internationale tels que les États-Unis, la Russie, la Hongrie et Israël. Les 124 États parties au Statut de Rome doivent faire front et affirmer leur engagement inébranlable envers la CPI.

Paris, Bruxelles, 4 avril 2025. Symbole de son mépris pour la justice internationale, Viktor Orbán a choisi le moment où il accueille Benjamin Netanyahu, suspect de crimes internationaux recherché par la CPI, pour annoncer l’intention de la Hongrie de se retirer du Statut de Rome. Cette décision renforce également la position de Benjamin Netanyahu, alors que ce dernier reprend sa guerre dans la bande de Gaza en bombardant des civil·es et des secouristes et impose un blocus total sur la nourriture et les fournitures essentielles depuis plus d’un mois. Le Premier ministre israélien est recherché par la CPI pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, tandis qu’il est accusé par un nombre croissant d’acteurs d’être responsable de génocide, dont la Fédération internationale des droits humains (FIDH).

L’annonce de Viktor Orbán est une blessure pour les victimes et les survivant·es des crimes parmi les plus odieux au monde – non seulement à Gaza, mais aussi dans toutes les situations soumises à la CPI, y compris en Ukraine, au Venezuela, au Soudan, en Afghanistan et aux Philippines. La CPI est la seule cour pénale internationale permanente au monde, et ses États membres doivent la protéger.

Le retrait de la Hongrie de la CPI fait partie d’une offensive en cours contre la justice internationale et les droits humains

« Orbán affirme que la Cour est politisée et cible les démocraties, mais l’enquête sur la Palestine révèle tout l’inverse : la CPI ne cède pas aux pressions politiques des États puissants. Il est totalement faux de prétendre que les démocraties sont à l’abri de commettre des atrocités ou que leurs dirigeant·es sont infaillibles, raison pour laquelle la CPI doit intervenir », a déclaré Danya Chaikel, représentante de la FIDH auprès de la CPI à La Haye.

« La décision de Viktor Orbán place la Hongrie dans la même catégorie que le Burundi et les Philippines, les deux seuls pays qui jusqu’ici avaient quitté la CPI après y avoir adhéré. Dans le cas de la Hongrie, ce retrait a des conséquences considérables. Il faut se rappeler que la ratification du Statut de Rome fait partie des nombreuses conditions pour rejoindre l’Union européenne. Comment la Hongrie peut-elle encore faire partie de l’UE après ce retrait de la CPI ? L’UE doit réagir fermement, en appelant la Hongrie à respecter les engagements communs », a déclaré Alexis Deswaef, vice-président de la FIDH.

« Un nombre croissant d’États membres de l’UE en ont assez des blocages de la Hongrie sur tous les dossiers clés au niveau de l’UE. Cette annonce concernant la CPI est la cerise sur le gâteau. La Hongrie a violé les droits humains et le droit international pendant trop longtemps, tant sur son propre territoire que concernant des situations internationales telles que la Palestine et l’Ukraine où elle exerce une influence à l’échelle de l’UE », a déclaré Elena Crespi, responsable du bureau de l’Europe de l’Ouest à la FIDH.

En vertu de l’article 127 du Statut de la CPI, le retrait de la Hongrie de la CPI ne peut entrer en vigueur qu’après un an, à compter de la notification faite au Secrétaire général de l’Onu. Durant ce délai, la Hongrie a toujours l’obligation légale d’arrêter et de remettre Netanyahu, ainsi que tout autre suspect de la CPI, à la Cour à La Haye.

La FIDH appelle les États membres de l’UE à faire usage du prochain Conseil des affaires générales de l’UE en mai, où la situation en Hongrie sera examinée dans le cadre de l’article 7.1 du Traité sur l’Union européenne, afin de conclure que la Hongrie a agi en violation des valeurs de l’UE, ouvrant ainsi la voie à des sanctions telles que la suspension du droit de vote de la Hongrie au sein du Conseil.

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