Appel à la France : défendre les libertés civiles en rejoignant l’action devant la Cour de justice de l’Union européenne contre la loi hongroise sur la souveraineté

14/02/2025
Open Letter
Alexandros Michailidis

La Fédération internationale contre les droits humains (FIDH), son organisation membre la Ligue des droits de l’Homme (LDH) et 14 autres organisations de la société civile, adressent un appel aux responsables français·es. Elles les incitent à rejoindre la Commission européenne ainsi que d’autres États membres dans le cadre d’une action en cours devant la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE). Cette procédure vise à contester la loi hongroise sur la protection de la souveraineté de 2023, qui constitue l’objet principal de la contestation.

14 janvier 2025. La Commission considère cette législation comme incompatible avec les principes fondamentaux et les valeurs de l’UE. Elle met en péril l’espace civique et le travail des ONG ainsi que des médias indépendants. Ces derniers jouent un rôle essentiel dans la défense de la démocratie, de l’état de droit et des droits humains. La loi constitue également une menace pour la dénonciation de la corruption au plus haut niveau et des abus liés aux fonds de l’UE. Jusqu’à présent, elle a été utilisée pour cibler des acteurs majeurs de la société civile, comme Transparency International Hongrie et Atlatszo.

Les organisations signataires appellent la France à défendre les valeurs fondamentales de l’UE et à soutenir la société civile européenne. Elles l’incitent à rejoindre cette action avant le 27 février 2025.

Lire l’appel ci-dessous.

Nos organisations appellent la République française à protéger l’espace civique en Hongrie et dans l’UE en rejoignant l’action engagée par la Commission européenne devant la Cour de justice de l’Union européenne contre la loi hongroise de 2023 sur la protection de la souveraineté nationale.

L’Office pour la protection de la souveraineté, organe chargé de l’application de cette loi, a déjà pris pour cible des organisations de premier plan telles que Transparency International Hongrieet Átlátszó, dans ce qui semble être des représailles à leur travail de dénonciation de la corruption et du détournement de fonds européens en Hongrie. Au vu des récentes déclarations du SPO, il est probable que d’autres groupes soient à leur tour visés. Plus préoccupant encore, le Premier ministre Viktor Orbán a récemment intensifié cette répression en promettant d’« éliminer » ces organisations ainsi que d’autres acteur·ices pro-démocratie, défenseur·es de l’état de droit et médias indépendants.

Le Président de la République a décerné au directeur exécutif de Transparency International Hongrie le titre de Chevalier de l’ordre national du Mérite, reconnaissant ainsi l’engagement de l’organisation en faveur des valeurs démocratiques, qui sont au cœur de la tradition constitutionnelle française ainsi que du projet européen.

Ceci constitue un geste fort, d’autant plus crucial dans le contexte actuel. Il importe maintenant que cette marque de reconnaissance soit appuyée par une action en justice. La France devrait intervenir dans l’affaire C-829/24 portée par la Commission européenne devant la CJUE afin de protéger les valeurs fondatrices de l’UE, ainsi que l’ensemble des associations indépendantes, des journalistes et des défenseur·es des droits humains, qui sont actuellement menacé·es en Hongrie.

Le délai pour déposer une demande d’intervention devant la Cour est fixée au 27 février 2025.

L’intervention de la France dans l’affaire devant la CJUE serait bien plus qu’une réaction aux menaces immédiates pesant sur les journalistes et défenseur·es des droits humains en Hongrie. Elle permettrait également de répondre aux défis croissants pesant sur l’espace civique dans l’Union et de renforcer la résilience de la société civile européenne. De plus, elle préviendrait la normalisation ou la tolérance des représailles exercées par certains États membres à l’encontre des ONG coopérant avec les mécanismes de l’UE en matière d’état de droit.

Nous vous remercions pour l’attention portée à cet appel urgent et attendons une action décisive de la France devant la justice européenne.

Contexte :

En réponse à une menace importante pour les valeurs de l’Article 2 du TUE, la Commission Européenne a déféré la Hongrie devant la Cour de Justice de l’UE, estimant que la loi enfreint plusieurs dispositions du droit de l’UE, y compris les droits à la liberté d’expression, de réunion, et d’association de l’UE. Les États membres peuvent se joindre à cette affaire déterminante avant le 27 février. Il s’agit de la deuxième affaire majeure concernant la portée des obligations des États membres en matière de droits civils à être portée devant la CJUE au cours de ces dernières années. La première était l’affaire anti-LGBTQI de 2023, également contre la Hongrie d’Orbán, dans laquelle la France est intervenue aux côtés de 15 autres États membres.

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