La Nébuleuse du Désordre mondial - partie 1 : la crise géorgienne

09/10/2008
Communiqué

Il faut d’abord voir le caractère émergent de la Russie et de la Chine sur
la scène internationale, où elles cherchent à s’affirmer alors qu’elles
n’étaient pas au mieux au début des années 90 et se sont depuis relevées. Côté
russe on a recherché une hégémonie faisant suite à l’éclatement de la carte
régionale entre les nouvelles républiques qui se sont déclarées, et après avoir
aussi vu les deux « révolutions oranges » d’Ukraine et de Géorgie
s’accomplir sans elle ; la Géorgie quant à elle veille sur son unité nationale,
construite sur des frontières arbitrairement tracées par Staline, et devenues
de véritables bombes à retardement. l’élément énergétique de la zone
caucasienne (pétrole et gaz qui approvisionnent d’occident en passant dans la
région) vient ajouter de la complexité à l’imbroglio ; enfin, il y a l’extension
de l’OTAN auquel la Géorgie souhaite adhérer. Suite à la crise d’août dernier,
les tensions se sont accrues dans la région : exemple en Ukraine, où la
coalition du Premier ministre Timochenko s’oppose aujourd’hui au camp du
président Iouchtchenko qui soutient la Géorgie...

Enfin, on perçoit aussi la crise en regard de la fin supposée de la
superpuissance des Etats-Unis sur l’échiquier diplomatique : les
Américains ont parlé d’intégrité et de souveraineté nationales au sujet de la
Géorgie ; en effet un soutien plus affirmé de leur part poserait la question du
feu vert à la reconstitution réelle de l’armée géorgienne, celle qui existe
actuellement n’étant manifestement pas assez forte vu la débandade qu’elle a
connue ; de surcroît l’aide de 1 milliard de dollars débloquée par Washington
pour la Géorgie le 3 septembre ne semble pas inclure en théorie de volet
militaire (ou bien n’en parle pas). Dans la donne des atouts, l’Ossétie du Sud
posée en victime (avec l’Abkhasie) fut celui que joua la Russie. Le fait qu’on
puisse envisager le déploiement d’un bouclier anti-missiles américain en
Pologne (le 14 août a vu la signature d’un accord préliminaire dans ce sens)
constitue un élément à verser au dossier, qui esquisse la suite du
scénario.

La peur des Géorgiens de se voir repasser un jour sous tutelle russe est en
tout cas ressuscitée, et le nouveau puzzle qui se compose à l’Est avec sa
cohorte d’exactions ne peut en aucun cas augurer de bonnes choses pour les
défenseurs des droits de l’Homme. La Russie hausse les épaules pour savoir si
elle a la carrure d’un géant, en testant à travers une crise-éclair les
réactions de l’opinion, et la passivité de cette dernière inquiète... Une
brumeuse nébuleuse et du gros temps en perspective s’annoncent, alors que
l’opinion agite le spectre anachronique de « Guerre froide ». Le propre de
notre époque diplomatique moderne est bien plutôt que les épicentres des
séismes mondiaux se multiplient, et que nos appareils de mesures de leurs
magnitudes ne sont plus adaptés.

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