APPEL CONTRE l’IMPUNITE

18/02/2003
Communiqué

Pour en savoir plus l’impunité, les violations des droits économiques et sociaux, la situation des défenseurs des droits de l’Homme, consultez le dossier spécial sur le site de la FIDH

France Afrique,
Les victimes souhaitent la bienvenue à leurs bourreaux !…


La France qui se présente volontiers comme le pays des droits de l’Homme s’apprête, une nouvelle fois, à dérouler le tapis rouge à ces autocrates qui ont couvert de leur autorité, quand ils ne les ont pas directement commandités, ces crimes perpétrés en toute impunité, faisant fi des pactes et des traités internationaux relatifs à la protection des droits humains. Les prétextes de menaces déstabilisatrices sur les régimes en place sont invoqués, de façon fallacieuse, pour justifier des politiques fondées sur l’intolérance, la violence et la xénophobie. Alors que la mise en œuvre d’une justice internationale fondée sur le respect des normes universelles des droits humains enregistre des avancées significatives, il est choquant de voir pareils despotes se pavaner sous les lambris du palais de la République, consacrant ainsi l’impunité de leurs crimes qui constitue l’un des fléaux auquel le continent africain est confronté. C’est pour affirmer haut et fort que les criminels d’Etat ne sont ainsi pas les bienvenus à Paris que nous adressons cet appel contre l’impunité au 22ème sommet entre l’Afrique et la France.

Nous, membres des associations de victimes, des organisations de défense des droits de l’Homme et des réseaux de solidarité, exigeons que s’impose le devoir de vérité et de justice. L’opacité qui caractérise, bien souvent, les liens économiques et diplomatiques entre la France et les Etats africains, ne saurait justifier le silence hypocrite sur les crimes d’Etat qui prévalent dans les relations bilatérales et multilatérales. Il ne peut y avoir de paix durable, de développement, de démocratie et de réconciliation nationale en escamotant la vérité et la justice.

Nous, membres des associations des victimes, des organisations de défense des droits de l’Homme et des réseaux de solidarité, demandons à la France de prendre un engagement clair visant à favoriser toutes les poursuites engagées, et plus généralement d’agir contre l’impunité des responsables politiques sur qui pèsent de fortes présomptions de crimes internationaux. Les auteurs de ces crimes doivent comparaître devant les tribunaux pour répondre de leurs actes. Le bilan macabre de ces chefs d’Etats n’honorent ni la France ni la démocratie : mille personnes ont été assassinés en 2002 en Algérie et plus de 7000 disparitions y sont intervenues en une décennie ; en novembre 1990, des milliers de négro-mauritaniens (fonctionnaires, soldats et sous officiers) ont été arrêtés et torturés, et parmi eux 310 ont été tués dans des conditions atroces ; parmi les milliers de personnes qui ont décidé de rentrer au pays après avoir fui les combats de Brazzaville en 1998, plus de trois cent cinquante auraient disparu au " Beach ". A cela s’ajoutent les crimes collectifs en Côte-d’Ivoire, au Tchad, en République Centrafricaine sans compter un million de morts pendant le génocide de 1994 au Rwanda. Le recours systématique à la torture en Lybie, au Zimbabwé, en Tunisie ainsi que la peine capitale en vigueur en République démocratique du Congo sont des pratiques abominables absolument contraires aux engagements internationaux souscrits, qu’il faut abolir et réprimer.

Face à ces crimes qui, malheureusement perdurent, il est du devoir des autorités françaises de regarder en pleine lumière les crimes commis et de reconnaître les responsabilités dans le calvaire des victimes. " L’Afrique et la France ensemble pour un nouveau partenariat " est un joli slogan qui ne peut dissiper la soif de justice des victimes africaines des crimes internationaux, y compris économiques.

Nous appelons les Etats participants au 22ème sommet France Afrique à s’engager clairement " ensemble, pour la vérité et la justice ".

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