Belarus/Russie : condamnation de la journaliste Yekaterina Yanshina pour avoir couvert le procès de Viasna

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Paris-Genève, le 6 janvier 2023. La défenseure des droits humains et journaliste russe Yekaterina Yanshina a été condamnée à 15 jours de détention administrative pour petit vandalisme (petty hooliganism) à Minsk, après avoir assisté à l’audience du procès des dirigeants du Human Rights Center Viasna. Elle voyageait à Minsk pour soutenir ses pairs défenseurs des droits humains durant leur procès. Dix organisations condamnent fermement la détention arbitraire de Yekaterina Yanshina et demandent sa libération immédiate et inconditionnelle, ainsi que la fin de l’acharnement judiciaire contre tou·tes les défenseur·es des droits humains dans le pays .

Yekaterina Yanshina collabore avec l’organisation russe Human Rights Defense Center Memorial, membre de la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et prix Nobel de la paix 2022. Le 5 janvier 2023, s’est rendue au Bélarus pour couvrir le déroulement du procès des dirigeants de Viasna, Ales Bialiatski, Valiantsin Stefanovich et Uladzimir Labkovich. Le procès a démarré le 5 janvier 2023 à 11h (heure du Bélarus) au tribunal de district de Leninsky à Minsk. À 17 h, alors que la première journée d’audience se terminant et que Yekaterina Yanshina quittait la salle, elle a été arrêtée par des membres des forces de l’ordre, parmi lesquels des huissier·es de justice et des prétendu·es agent·es du Comité pour la sécurité de l’État russe (KGB).

Les huissier·es ont déclaré que Yekaterina Yanshina avait perturbé l’audience, en prenant des photos et en diffusant le déroulement du procès en ligne. Les forces de l’ordre lui ont dit qu’elles devaient vérifier son téléphone et allaient pour ce faire la conduire au service de police du district de Maskouski à Minsk pour «  rédiger un document  ». Elles l’ont emmenée dans une salle d’audience « pour avoir une conversation », sans que les autres personnes présentes lors de l’audience n’aient été autorisées à les suivre. Par exemple, le cofondateur de Memorial, Oleg Orlov, qui assistait également au procès, n’a pas pu accompagner Yekaterina Yanshina et les forces de l’ordre l’ont menacé de violence s’il bravait l’interdiction.

Une fois dans l’autre salle d’audience, les forces de l’ordre ont pu sortir Yekaterina Yanshina du tribunal par une autre issue. Oleg Orlov n’a pas pu la voir quitter le bâtiment. Lorsqu’il est arrivé au département de police du district de Maskouski, les policier·es ont nié la présence de Yekaterina Yanshina, et il n’a pas été possible de savoir où elle se trouvait jusqu’au lendemain matin.

Le 6 janvier 2023, à 8h30, les collègues de Yekaterina Yanshina ont appris qu’elle avait été placée en détention au centre pénitentiaire d’Okrestina à Minsk dans la nuit, dans l’attente de son procès pour infraction administrative. D’après le dossier de l’affaire, Yekaterina Yanshina aurait agi « de manière insolente » au tribunal et refusé de décliner son identité, les fonctionnaires de police l’ayant de ce fait « invitée » à discuter au poste de police. Au commissariat, elle aurait usé d’un langage grossier et été insultante vis-à-vis des forces de l’ordre.

Ce même jour, à 14h30, son dossier a été entendu par la juge Tatyana Motyl au tribunal du district de Maskouski à Minsk. Yekaterina Yanshina n’était pas physiquement présente dans la salle d’audience, n’a pas été autorisée à parler à son avocat en privé, et n’a pu communiquer avec la juge que par Skype depuis le couloir du centre de détention. Oleg Orlov a indiqué qu’il avait entendu d’autres personnes parler derrière elle. La juge l’a condamnée à une peine d’emprisonnement de 15 jours pour « petit vandalisme » (petty hooliganism), en vertu de l’alinéa 1 de l’article 19 du Code des infractions administratives.

Les organisations signataires condamnent fermement l’arrestation et la détention arbitraires de Yekaterina Yanshina, uniquement destinés à la punir pour ses activités légitimes et pacifiques de défense des droits humains, et demandent sa libération immédiate et inconditionnelle. Elles appellent plus largement à mettre fin à l’acharnement judiciaire contre les défenseur·es des droits humains dans le pays, y compris les membres de Viasna actuellement en procès et détention arbitraire.

Les organisations signataires réitèrent leur soutien à Viasna et à tou·tes ses membres et exhortent les autorités bélarusses à appliquer pleinement leurs obligations internationales en matière de droits humains, à respecter et protéger le travail des défenseur·es et des organisations de défense des droits humains, et à veiller à ce qu’ils ou elles puissent travailler sans représaille ni intimidation.

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