Bélarus : un an après l’arrestation arbitraire du président et du vice-président de Viasna, aucune justice n’est en vue

13/07/2022
Déclaration
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Viasna

Paris-Genève, 13 juillet 2022 - Le 14 juillet 2022 marque le premier anniversaire de l’arrestation arbitraire de trois éminents défenseurs des droits humains du Human Rights Center Viasna. Ce jour-là, l’année dernière, les autorités bélarusses ont arrêté le vice-président de la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et membre du conseil d’administration de Viasna, Valiantsin Stefanovich ; le président de Viasna, Ales Bialiatski ; et l’avocat Uladzimir Labkovich.

Avec quatre autres membres de Viasna, les trois hommes restent derrière les barreaux sur la base d’accusations forgées de toutes pièces, dans des conditions épouvantables, et sont systématiquement privés de communication avec leurs familles et leurs avocat·es. L’Observatoire (FIDH-OMCT) déplore la poursuite de la démolition de la société civile bélarusse par le régime de Loukachenka, renouvelle ses appels à la libération immédiate des sept défenseur·es de Viasna, et demande que justice soit rendue à toutes les personnes détenues arbitrairement dans le pays.

Ales Bialiatski, Valiantsin Stefanovich et Uladzimir Labkovich ont été arrêtés par des agents du département des enquêtes financières du Bélarus le 14 juillet 2021. Depuis ce jour, les trois hommes sont maintenus en détention sur la base d’accusations forgées de toutes pièces d’« évasion fiscale »(partie 2 de l’article 243 du code pénal bélarusse).

L’enquête sur leur cas est en cours depuis plus d’un an, ce qui est contraire au droit bélarusse et aux normes internationales. Ils sont maintenus dans des conditions épouvantables dans un centre de détention provisoire à Minsk, leur famille et leurs avocat·es se voient systématiquement refuser le droit de les voir, et toutes les communications postales sont sévèrement censurées par les autorités, certaines lettres ne franchissant même pas les murs de la prison. Il existe des motifs suffisants pour affirmer que les autorités bélarusses font traîner l’enquête et maintiennent les défenseurs des droits humains dans des conditions aussi inhumaines pour fabriquer des preuves et les contraindre à passer aux aveux.

Quatre autres membres de Viasna restent derrière les barreaux, dont la coordinatrice des bénévoles Marfa Rabkova, le responsable de la branche Mohilev de Viasna Leanid Sudalenka, et les bénévoles Tatsiana Lasitsa et Andrei Chapyuk. La situation de Marfa Rabkova est particulièrement préoccupante : la jeune femme est détenue arbitrairement depuis le 17 septembre 2020 et risque jusqu’à 12 ans de prison.

La raison réelle du maintien en détention des sept militant·es semble être les activités de défense des droits humains menées par Viasna, sa position ferme contre le régime illégitime et la répression de Lukashenka. Viasna est depuis longtemps à l’avant-garde du mouvement bélarusse des droits humains. Elle est notamment connue pour tenir à jour une liste des prisonniers politiques au Bélarus, qui compte aujourd’hui 1244 personnes. Viasna fournit également une assistance juridique et autre aux victimes de la répression, effectue des observations de la campagne électorale, plaide pour des réformes démocratiques et contre la peine de mort.

Ales Bialiatski, le président de l’organisation, a reçu de nombreuses récompenses pour son service désintéressé en faveur d’une société démocratique, dont tout récemment le Right Livelihood Award 2020, il a également été nommé à plusieurs reprises pour le prix Nobel de la paix.

L’Observatoire appelle les autorités bélarusses à libérer immédiatement les sept membres de Viasna et toutes les personnes détenues arbitrairement dans le pays et à enquêter rapidement sur toutes les allégations de violations des droits humains à leur encontre. L’Observatoire appelle également la communauté internationale à continuer à soutenir la société civile bélarusse, et à prendre une position juridique et politique forte en faveur de celles et ceux qui sont derrière les barreaux, en envoyant des messages forts aux autorités bélarusses pour que la justice prime.

L’Observatoire pour la protection des défenseur·es des droits humains (L’Observatoire) est un partenariat créé en 1997 par la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT). Il vise à intervenir pour prévenir ou remédier aux situations concrètes de répression contre les défenseur·es des droits humains. La FIDH et l’OMCT sont toutes deux membres de ProtectDefenders.eu, le mécanisme de l’Union Européenne pour les défenseur·es des droits humains mis en œuvre par la société civile internationale.

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