Bélarus : libérez Marfa Rabkova, libérez toustes les membres de Viasna détenu·es

17/09/2021
Déclaration
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Paris-Genève — L’arrestation et la détention arbitraire de Marfa Rabkova il y a un an a marqué le début de la répression brutale contre le Centre des droits humains Viasna, qui compte à ce jour sept de ses membres derrière les barreaux. L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits humains (un partenariat OMCT-FIDH) appelle les autorités de Bélarus à libérer immédiatement et inconditionnellement Marfa Rabkova et toustes les membres de Viasna détenu·es arbitrairement et appelle à la fin de la répression en cours contre la société civile dans le pays.

Dans la soirée du 17 septembre 2020, Marfa Rabkova rentrait chez elle à pied avec son mari à Minsk lorsqu’une dizaine d’hommes masqués du Département principal de lutte contre le crime organisé et la corruption les ont violemment arrêtés. Alors que son mari a été libéré le lendemain, Marfa a été conduite au centre de détention provisoire d’Okrestina, à Minsk. C’est la dernière fois qu’ils se sont vus. Au cours des 12 derniers mois, ils n’ont pu communiquer que par le biais de lettres manuscrites sporadiques, censurées par les autorités pénitentiaires. Ces mêmes autorités ont rejeté la demande de Marfa de faire ses adieux à son père et à sa grand-mère, qui sont décédés pendant sa détention.

Les fausses accusations retenues par la suite contre Marfa Rabkova, à savoir « financement et autre préparation d’émeutes de masse », « participation à une organisation criminelle » et « incitation à l’hostilité envers un autre groupe social commise par un groupe d’individus » ainsi que ses 12 mois de détention préventive injuste, visent clairement son travail en tant que coordinatrice des services bénévoles du Centre des droits humains de Viasna, une organisation membre des réseaux de l’OMCT et de la FIDH. Avec ses collègues, Marfa a participé à la documentation des preuves de torture et autres traitements inhumains des participant·es détenu·es lors des manifestations post-électorales au Bélarus. Elle a également supervisé des rassemblements pacifiques et a pris une part active à la campagne de surveillance indépendante des élections du 9 août 2020 intitulée « Défenseur·es des droits humains pour des élections libres ». Son travail légitime en faveur des droits humains peut lui coûter jusqu’à 12 ans d’emprisonnement si elle est reconnue coupable des infractions incriminées.

Dans le cadre de la répression en cours contre la société civile et toutes les voix dissidentes au Bélarus, les autorités ont pris Viasna pour cible sans pitié. Le bénévole de Viasna Andrey Chapiuk a été arrêté arbitrairement deux semaines après la détention de Marfa et reste détenu dans l’attente de son procès. Leanid Sudalenka, avocat de la branche Homieĺ (Gomel) de Viasna, est détenu depuis le 18 janvier 2021 et doit faire face à un procès à huis clos avec les bénévoles Tatsiana Lasitsa, détenue depuis le 21 janvier 2021, et Maria Tarasenka, qui a été détenue et libérée en janvier 2021 et reste soumise à des restrictions de voyage.

Le 14 juillet 2021, au milieu d’une vague de raids et d’arrestations de défenseur·es des droits humains, de journalistes et d’organisations de la société civile, Ales Bialiatski, directeur de Viasna, Valiantsin Stefanovic, membre du conseil d’administration de Viasna et vice-président de la FIDH, ainsi que Uladzimir Labkovich, avocat et coordinateur de la campagne « Défenseur·es des droits humains pour des élections libres » ont été arbitrairement arrêtés, interrogés et maintenus en isolement temporaire jusqu’à leur transfert au centre de détention n° 1. 1 rue Valadarskaha, à Minsk. Ils sont toujours détenus dans le cadre de l’enquête sur les affaires pénales ouvertes en vertu de l’article 342, parties 1 et 2 du Code pénal du Bélarus (’organisation et préparation d’actions violant l’ordre public ou participation active à de telles actions’) et de l’article 243, paragraphe 2 du Code pénal (’fraude fiscale’).

Aucun des membres de Viasna arbitrairement détenu·es n’est autorisé à recevoir la visite de sa famille et les rencontres et communications avec leurs avocat·es sont très limitées.

L’Observatoire souligne qu’à ce jour, environ 30 défenseur·es des droits humains ont été arrêté·es ou accusé·es de crimes et sont actuellement détenu·es, trois ont été condamné·es à des peines de prison et 23 avocat·es ont été radié·es. De nombreux·euses autres défenseur·es font l’objet d’une enquête et pourraient être inculpé·es.

L’Observatoire exprime sa grande inquiétude concernant la répression dont Viasna fait l’objet ainsi que l’accélération du processus de criminalisation au cours des derniers mois. L’Observatoire rappelle que Viasna joue un rôle central dans la dénonciation de la violence et de la répression perpétrées par les autorités au Bélarus, notamment à travers un travail de veille essentiel.

L’Observatoire appelle les autorités bélarusses à libérer immédiatement Marfa Rabkova et tous les membres de Viasna détenus arbitrairement, et à mettre fin immédiatement à la répression en cours contre les défenseur·es des droits humains dans le pays et leurs organisations.

Pour soutenir les membres du Centre des droits humains Viasna arbitrairement détenu·es, rejoignez la campagne #FreeViasna et soyez solidaire de Marfa, Andrey, Leanid, Tatsiana, Ales, Valiantsin et Uladzimir.

Vous pouvez également lire les histoires de cinq défenseur·es des droits humains bélarusses : interviewé·es par l’OMCT à l’occasion du premier anniversaire de l’élection présidentielle.

L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits humains (l’Observatoire) a été créé en 1997 par l’Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT) et la FIDH. Il a pour objectif de prévenir ou de remédier aux situations de répression à l’encontre des défenseurs des droits humains. La FIDH et l’OMCT sont tous deux membres de ProtectDefenders.eu, le mécanisme de défense des droits humains de l’Union européenne mis en œuvre par la société civile internationale.

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