Azerbaïdjan : Les gouvernements européens doivent agir pour la libération des prisonniers politiques

Une semaine avant la cérémonie d’ouverture des premiers Jeux européens qui se tiendront à Bakou, en Azerbaïdjan, la FIDH demande aux représentants politiques des pays européens de conditionner leur participation à la cérémonie d’ouverture à la libération de tous les prisonniers politiques et activistes détenus arbitrairement.

« Dans le contexte actuel, la participation des représentants des gouvernements Européens à la cérémonie d’ouverture serait un affront fait à tous les activistes détenus en Azerbaïdjan et une caution au régime du président Aliyev », a déclaré Karim Lahidji, président de la FIDH.

La FIDH dénonce la répression sans précédent perpétrée par les autorités sur la société civile azérïe. Notre organisation rappelle que la plupart des dirigeants des ONG ont été arrêtés l’année dernière, avant les Jeux de Bakou. Leurs avocats sont harcelés et emprisonnés afin de limiter au maximum leur droit à la défense. Certaines lois ont considérablement restreint les droits des citoyens et les organisations indépendantes peinent aujourd’hui à s’enregistrer légalement. Les comptes bancaires de certaines ONG ont été gelés et les financements étrangers ont été déclarés illégaux à moins d’être avalisés par le gouvernement. La tenue des Jeux Européens a largement contribué à aggraver la situation des droits humains dans le pays. En effet, les autorités ont fait taire toutes les voix contestataires avant le début des Jeux pour pouvoir redorer leur image en toute quiétude.

Lire le dernier rapport de l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits humains : Azerbaïdjan : la répression s’intensifie à l’approche des Jeux européens

En Avril 2015, deux mois avant les Jeux, deux éminents défenseurs des droits humains, Rasul Jafarov et Intigam Aliyev, ont été respectivement condamnés à six ans et demi et sept ans et demi de prison, pour avoir œuvré en faveur de la défense des libertés, comme la liberté d’expression, le droit d’association et le droit à un procès équitable. Leyla et Arif Yunus, connus pour leur défense des droits des minorités et leur travail de réconciliation entre l’Azerbaidjan et l’Arménie, ont également été mis derrière les barreaux en 2014. Les journalistes indépendants Khadija Ismailova, Rauf Mirqadirov et Seymur Haziyev sont aussi en prison. Le président d’une ONG chargée d’observer les élections, Anar Mammadli, et le défenseur des droits de la minorité Talysh, Hilal Mammadov ont été condamnés à de longues peines de prison alors qu’ Emin Huseynov est réfugié à l’Ambassade de Suisse depuis Août 2014 afin d’éviter un procès reposant sur de fausses accusations concernant son travail de défense pour la liberté des journalistes.

Les autorités continuent également de réprimer les opposants politiques. Les partis d’opposition se voient refuser leur enregistrement et leurs membres sont régulièrement jetés en prison. En 2014, les opposants politiques, Ilgar Mammadov et Tofig Yagublu ont été respectivement condamnés à sept et cinq ans de prison, pour avoir critiqué le gouvernement. Récemment, deux membres du Front Populaire, Murad Adilov (jugé le 14 mai 2015) et Elvin Abdullayev (jugé le 1er juin 2015) ont été condamnés à six ans de prison sur la base d’accusations motivées politiquement.

Les obstacles législatifs mis en place par les autorités azerïes pour réprimer toute activité indépendante de la société civile, le harcèlement judiciaire des activistes et de leurs avocats, et la mise au silence de toutes les voix dissidentes portent atteinte à l’esprit des Jeux Olympiques. Les autorités accordent une grande importance à ces prochains Jeux européens car ils sont considérés comme pouvant améliorer l’image du pays sur la scène internationale. Par conséquent, les Jeux doivent fournir une occasion idéale aux gouvernements européens d’introduire un changement positif de la situation des droits humains en Azerbaïdjan.

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