Répression en Azerbaïdjan après le Concours de l’Eurovision 2012

25/06/2012
Communiqué
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Le 25 juin 2012. La FIDH et l’OMCT expriment leur vive préoccupation devant les arrestations, détentions et traitements inhumains à l’encontre des défenseurs des droits de l’Homme, des journalistes indépendants et des figures de l’opposition azéris. Les pratiques répressives se sont également intensifiées à l’encontre de militants ayant participé à la campagne “Chanter pour la Démocratie” à la veille du Concours Eurovision de la Chanson 2012.

Le 22 juin, le défenseur des droits de l’Homme Hilal Mamedov, rédacteur en chef du quotidien Tolishi-Sado, a été accusé par le tribunal du district de Nizami de possession illicite de stupéfiants, aux termes de l’article 234 du Code pénal. La FIDH et l’OMCT craignent que cette inculpation pénale ne soit une fabrication qui vise en réalité ses activités professionnelles. La police avait prétendu la veille avoir saisi 5 grammes d’héroïne sur lui et 30 grammes à son domicile. Le journaliste est détenu pour trois mois à la prison de Shuvalan, le temps que soit effectuée une enquête préliminaire. En cas de condamnation, il encourt une peine de 5 à 12 ans d’emprisonnement.

Le défenseur des droits de l’Homme Oktay Gulaliyev, coordinateur administratif de la Kura Civil Society, a été arrêté en avril 2012 et inculpé sous l’article 220.2 du Code pénal (résistance aux ordres émis par les autorités et incitation à l’émeute et à des actes de violence envers la population). Alors qu’il était détenu à la prison de Shuvalan, un centre de détention pour enquêtes préliminaires situé à Bakou, Oktay Gulaliyev a été frappé à la tête, à l’estomac et dans le bas du corps, insulté et menacé. En dépit de la détérioration de son état de santé, il n’a pas été autorisé à recevoir des soins médicaux. Il a été relâché le 13 juin 2012, mais son inculpation pénale n’a pas été retirée et il risque une condamnation pouvant atteindre trois ans de détention.

Le 8 juin 2012, Ilham Amiraslanov, un autre militant de la Kura Civil Society, a été arrêté par des agents du Département de lutte contre le crime organisé du ministère de l’Intérieur de Sabirabad. Au cours de sa détention, Ilham Amiraslanov a été battu et torturé. Le 19 juin 2012, il a adressé au directeur du Bureau du Procureur général une lettre décrivant la façon dont il a été torturé. Cette lettre a été publiée sur Facebook.

Le 12 juin 2012, un bloggeur et défenseur des droits de l’Homme de 23 ans, Mehman Huseynov, a été détenu pendant environ 24 heures au Commissariat de police du district de Sabail, à Bakou. Il a été interrogé pour avoir soi-disant insulté et agressé un agent des forces spéciales au cours d’une manifestation de l’opposition à Bakou, le 21 mai 2012, à la veille des demi-finales du Concours Eurovision de la Chanson. Au cours d’une audience du tribunal le 13 juin 2012, il a été inculpé de “hooliganisme en résistance à un représentant de l’autorité”, sous l’article 222.2 du Code pénal azéri, et risque jusqu’à 5 ans d’emprisonnement. Mehman Huseynov a été libéré, mais il lui est interdit de quitter Bakou pendant les deux mois de l’enquête préliminaire.

Selon les défenseurs azéris des droits de l’Homme, la détention de Mehman Huseynov est un moyen de faire pression sur son frère, Emin Huseynov, directeur de l’Institut pour la liberté et la sécurité des reporters (IRFS).

Le 11 juin 2012, le journaliste iranien Anar Bayramli, de la chaîne de télévision Sahar TV, a été condamné à deux ans de prison. En février 2012, alors que le président du Parlement venait d’insinuer que Sahar TV “préparait des provocations à l’encontre de l’Azerbaïdjan”, le journaliste avait été arrêté par la police pour possession de stupéfiants. Le 13 juin 2012, un autre journaliste, porte-parole du parti d’opposition Front populaire (APFP), Natiq Adilov, a été convoqué par la police et interrogé au sujet d’une manifestation organisée le 24 mai 2012 devant les locaux de la télévision publique d’État. Avant de le relâcher, il lui a été conseillé de cesser son activité “antigouvernementale” et de quitter l’APFP.

La FIDH et l’OMCT appellent les autorités azéries à :  

 Cesser immédiatement toute forme de harcèlement et de persécution à l’encontre des défenseurs des droits de l’Homme, des journalistes et des figures de l’opposition ;

 Mener une enquête approfondie sur les mauvais traitements subis par Oktay Gulaliyev et Ilham Amiraslanov, arrêter les auteurs et les traduire devant un tribunal indépendant ;

 Respecter et protéger la liberté d’expression telle qu’elle est garantie par la Constitution azérie, ainsi que les normes internationales et régionales auxquelles l’Azerbaïdjan s’est engagé à se conformer.
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