Et l’on sait que la citoyenneté ne s’octroie pas : elle se conquiert par l’action civique et militante, elle se pratique comme exercice de ce qui est pour nous l’un des plus essentiels des droits fondamentaux.
Il en résulte nécessairement, d’une part, que tout être humain a droit à la reconnaissance de sa citoyenneté là où il est en mesure de l’exercer, et, d’autre part, que la citoyenneté des Européens sera l’ouvre des Européens eux-mêmes.
Parce que nous considérons que l’exercice de la citoyenneté est la première garantie des droits, nous voulons que la citoyenneté européenne soit reconnue à tous les êtres humains qui résident durablement sur le territoire de l’Union, quelles que soient leurs origines et notamment leurs nationalités d’origine.
Cette " citoyenneté de résidence " doit au minimum permettre l’insertion dans un " jeu civique de proximité " de toute personne qui entretient avec le territoire concerné un rapport relativement stable (donc un droit de vote aux élections locales), mais aussi, si l’on adopte une conception cohérente, la reconnaissance d’un droit au plein exercice de la citoyenneté, c’est-à-dire notamment à la participation à toute vie démocratique institutionnalisée. Dès lors, tout être humain a vocation à emporter sur toute la planète son droit à la citoyenneté " à la semelle de ses souliers " (même s’il ne peut pas transporter sa patrie de la sorte.) : cette vision " mondialiste " , envisageable pour le moment dans le cadre de l’Union européenne, tire des conséquences civiques réalistes de l’ampleur des flux migratoires actuels et prévisibles (compte tenu en particulier des différentiels démographiques) et du développement considérable des moyens de communication de tous ordres.
En toute hypothèse, la simple application du principe d’égalité oblige l’Union européenne à garantir une égale liberté de circulation sur son territoire, et une égale jouissance des droits fondamentaux dits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels, aux nationaux de ses Etats membres et aux résidents " nationaux de pays tiers " . Manquer à cette obligation serait non seulement refuser à ces résidents les bases de l’exercice de la " citoyenneté sociale " , mais aussi compromettre dangereusement la cohésion de la " société civile européenne " en formation.