Résolution d’urgence sur la situation des droits humains au Vietnam

31/05/2013
Communiqué
en fr

38ème Congrès de la FIDH
23-27 mai 2013
Istanbul (Turquie)

Présentée par Vietnam Committee on Human Rights

La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), réunie à son XXXVIII congrès à Istanbul,Turquie,

Considérant que le Vietnam persiste à utiliser des incriminations vagues et fourre-tout du Code Pénal concernant la « sécurité nationale » comme l’« espionnage », la « propagande contre l’Etat », les activités « visant à renverser le gouvernement », ou comme celle d’« abus des libertés démocratiques » pour faire taire les dissidents, les défenseurs des droits de l’Homme ou les simples manifestants ; Considérant à cet égard que le Vietnam vient de condamner, lors d’un procès inique, le 16 mai 2013, l’étudiante Nguyen Phuong Uyen (21 ans) et l’informaticien Dinh Nguyen Kha (25 ans) à respectivement 6 et 8 ans d’emprisonnement, suivis de 3 ans d’assignation à résidence, simplement pour avoir écrit des poèmes et distribué des tracts critiquant le gouvernement ;
Considérant que le Vietnam condamne à mort plus d’une centaine de personnes par an et compte dans le couloir de la mort plus de 500 condamnés détenus dans des conditions absolument inhumaines ; qu’à la suite de l’interdiction européenne d’exportation des substances nécessaires aux exécutions par injection létale, le Vietnam vient d’adopter un décret autorisant l’emploi de produits fabriqués sur place mais dont le mélange n’est pas au point ;
Considérant que, du fait de la décision 20/2011/QD-Ttg exigeant la traduction simultanée en vietnamien de tous les films et documentaires, plusieurs opérateurs TV, dont la société mixte de Canal+ (France) et VTV (Vietnam), ont retiré de leur bouquet de grandes chaînes d’information comme CNN, la BBC, CNBC, NHK World ou ChannelNewsAsia ;
Considérant que nombre de dissidents sont en résidence surveillée, quand ils ne sont pas en prison, et ce parfois depuis des décennies, comme dans le cas de Thich Quang Do, chef de l’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam (EBUV, Eglise historique, indépendante, arbitrairement interdite depuis 1981), détenu depuis plus de 30 ans ;
Considérant que le gouvernement vietnamien réprime systématiquement tous ceux qui s’engagent pour les droits de l’Homme : les défenseurs des droits de l’Homme, les membres des religions « non-reconnues », les dissidents, les blogueurs, les simples citoyens qui manifestent ou les étudiants qui organisent depuis peu des « pique-nique des droits de l’Homme » sont tous étroitement surveillés, soumis à interrogatoires, harcelés et molestés par la police, arrêtés, voire placés en institutions psychiatriques ;
Regrette que les autorités vietnamiennes n’aient pas choisi de s’engager sur la voie du moratoire des exécutions en vue de l’abolition de la peine de mort ;
Dénonce la politique de censure du Vietnam qui instaure, par une répression sauvage (brutalités et harcèlements policiers, procès iniques, lois liberticides), un climat de peur chez ceux qui veulent s’exprimer et bloque les échanges d’informations avec des normes techniques ou culturelles (comme la nécessité de traduction simultanée en vietnamien des chaînes d’information internationales) ;
Demande au Vietnam de libérer immédiatement et inconditionnellement toutes les personnes détenues simplement pour avoir exercé légitimement et pacifiquement leurs droits aux libertés fondamentales, au premier chef Thich Quang Do, les blogueurs Dieu Cay, Ta Phong Tan et Phan Thanh Hai, ainsi que Nguyen Phuong Uyen et Dinh Nguyen Kha ;
Appelle le Vietnam à établir une véritable et sincère collaboration avec les Nations Unies sur les droits humains, en invitant les Procédures spéciales, comme les Rapporteurs spéciaux sur la liberté d’expression et sur les défenseurs des droits de l’Homme. Surtout, l’invitation du Rapporteur spécial sur la liberté religieuse par le Vietnam doit d’urgence être suivie par la fixation d’une date pour sa visite ;
Dénonce la candidature du Vietnam pour siéger, dès 2014, au Conseil des droits de l’Homme de l’ONU comme inacceptable et demande à l’Assemblée générale de l’ONU de lui refuser ce siège ;
Appelle l’Union Européenne à rester ferme pour que le Vietnam remplisse ses engagements en matière de droits de l’Homme ; en particulier, dans le cadre des négociations sur l’accord de libre-échange, l’Union Européenne doit réaliser une étude d’impact de cet accord sur les droits de l’Homme au Vietnam.

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