Le Comité Vietnam dénonce la reprise des exécutions au Vietnam

10/10/2013
Communiqué

Le Comité Vietnam dénonce la reprise des exécutions au Vietnam et appelle à un moratoire sur les exécutions ainsi qu’à l’amélioration des conditions de détentions des condamnés à mort

A l’occasion de la Journée Mondiale contre la peine de mort, le Comité Vietnam pour la Défense des Droits de l’Homme regrette que le Vietnam n’ait pas saisi l’occasion d’abolir la peine de mort et qu’au contraire, il ait repris les exécutions cet été. Depuis 2011, le Vietnam n’a pas pu procéder à la centaine d’exécutions annuelles à cause du refus de l’Union Européenne de fournir les produits nécessaires aux injections létales. Il a dû modifier sa législation pour pouvoir utiliser des produits fabriqués localement pour reprendre les exécutions au mois d’août dernier.

« La peine de mort au Vietnam pose trois questions essentielles, celle des procès iniques où les droits de la défense ne sont pas assurés, celle des conditions de détention déplorables dans les prisons vietnamiennes, en particulier celles des condamnés à mort qui finissent par sombrer dans la folie ou par se suicider. Enfin, il y a celle de l’exécution proprement dite qui serait, selon les autorités, « plus humaine » », a dit Vo Van Ai, Président du Comité Vietnam pour la Défense des Droits de l’Homme, ajoutant que « en réalité, le gouvernement a surtout cherché à rendre les exécutions « plus humaines » pour les bourreaux, très secondairement pour les condamnés ».

Le système judiciaire vietnamien ne garantit pas l’impartialité de la justice ni les droits de la défense, et bien souvent les sentences sont décidées bien avant la tenue des procès. « En fait, il y a toujours un risque très fort que la justice vietnamienne envoie à la mort des innocents ou du moins des personnes qui ne méritent nullement de mourir », a prévenu M. Ai. Quant aux conditions de détentions déplorables dans les prisons vietnamiennes, elles sont particulièrement insupportables pour les condamnés à mort qui vivent dans l’angoisse permanente parce qu’ils n’apprennent qu’à la dernière minute leur exécution qui a lieu le matin. Selon les témoignages, ils ne peuvent dormir la nuit et sursautent à chaque bruit de pas dans les couloirs. Avec l’attente prolongée dans le couloir de la mort, les autorités pénitentiaires ont noté que les détenus souffraient de plus en plus de troubles psychologiques, plusieurs suicides ont eu lieu dans le couloir de la mort et certains condamnés à mort, ne supportant plus leurs conditions de détention, ont supplié les autorités de les exécuter au plus vite.

Le 6 août dernier, Nguyen Anh Tuan (27 ans) a été le tout premier prisonnier exécuté par injection létale au Vietnam. Les informations parues dans la presse officielle sont très inquiétantes : L’injection létale n’aurait conduit au décès qu’au bout de deux heures.

Rappelant qu’à côtés des crimes de droits commun, de nombreuses « atteintes à la sécurité nationale », qui ne sont bien souvent que l’exercice légitime et pacifique des droits fondamentaux, sont passibles de la peine de mort, M. Ai a considéré qu’« il est absolument nécessaire que le Vietnam réflechisse très sérieusement à abolir la peine capitale et qu’il devrait décider un moratoire prolongeant la suspension forcée des exécutions de 2011 au mois d’août 2013. Nous appelons parallèlement à l’amélioration urgente des conditions de détention des condamnés ».

La Haute-Commissaire aux droits de l’Homme de l’ONU, Navi Pillay, avait qualifié la reprise des exécutions de « revers majeur » pour le Vietnam et s’était dite très préoccupée par le sort des 116 condamnés à mort sans recours. Elle avait également demandé au Vietnam de « déclassifier les données relatives à la peine de mort, en rappelant l’importance de la transparence et d’un débat sur le sujet, pour que l’opinion publique ait accès à une information équilibrée et précise ». L’Union Européenne avait fait part de sa préoccupation à ce sujet lors du dialogue sur les droits de l’Homme à Hanoi, en septembre dernier.

Le Vietnam condamne à mort entre 80 et 100 personnes par an et près de 590 condamnés attendent dans les couloirs de la mort.

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