Lettre ouverte au Gouvernement de la République Socialiste du Vietnam

07/07/2003
Appel urgent

Détention de Thich Tri Luc

A l’attention de :
S.E. Tran Duc Luong, Président de la République
S.E. Phan Van Khai, Premier Ministre
S.E. Nong Duc Manh, Secrétaire général du Parti Communiste
S.E. Nguyen Van An, Président de l’Assemblée Nationale

Excellences,

La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et son organisation affiliée, le Comité Vietnam pour la défense des droits de l’Homme (CVDDH), expriment leur plus vive préoccupation concernant la situation du Vénérable Thich Tri Luc, membre de l’Eglise bouddhique unifiée (EBUV), arbitrairement détenu et poursuivi.

Victime de persécutions religieuses, Thich Tri Luc, avait fui le Vietnam en avril 2002, puis obtenu la protection et le statut de réfugié du Haut-Commissariat aux Réfugiés des Nations Unies au Cambodge le 28 juin. Depuis le 25 juillet 2002, Thich Tri Luc était porté disparu, après qu’un inconnu se fut présenté à son domicile et lui eut demandé de le suivre.

Selon nos informations, sa famille, sans nouvelle de lui jusqu’alors, a reçu une convocation pour assister à son procès au Tribunal Populaire de Ho Chi Minh Ville, le 1er août 2003. Le procès a été reporté à une date ultérieure non précisée et sa famille ne sait toujours pas où il se trouve.

Si c’est avec soulagement que nous apprenons qu’il est toujours en vie, nos organisations sont particulièrement consternées d’apprendre que Thich Tri Luc a été rapatrié de force au Vietnam malgré son statut de réfugié, et qu’il est détenu depuis plus d’un an sans que sa famille n’en ait été averti, contrairement aux dispositions de la loi vietnamienne (Cf. article 67 du Code de Procédure pénale).

Nos organisations dénoncent l’absence d’informations concernant son lieu de détention et les charges pesant contre lui et, de fait, l’impossibilité pour un avocat de le rencontrer et de préparer sa défense. Cette situation est contraire aux principes du droit à un procès juste et équitable garantis, notamment par le Pacte international sur les droits civils et politiques, ainsi que par l’article 71 de la constitution vietnamienne.

Thich Tri Luc, 49 ans, est un membre de l’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam, Eglise historique mais interdite depuis 1981. Il a déjà été condamné arbitrairement à 30 mois de prison ferme et 5 années de résidence surveillée pour avoir exercé son droit à la liberté religieuse, notamment sa participation à une mission d’aide aux victimes des inondations dans le Delta du Mékong en octobre 1994 (15 août 1995). Il avait déjà été emprisonné sans charge ni procès pendant 10 mois en 1992-93 pour ses protestations contre les persécutions visant les Bouddhistes de l’EBUV. Entre ces périodes d’emprisonnement Thich Tri Luc a été systématiquement victime d’actes de harcèlements, arrestations répétées, surveillance étroite et privation de ses droits les plus fondamentaux par la police vietnamienne.

La FIDH et le CVDDH demandent aux plus hautes autorités de la République Socialiste du Vietnam de garantir en toutes circonstances l’intégrité physique et psychologique du vénérable Thich Tri Luc et de procéder à sa libération immédiate et inconditionnelle, en raison du caractère arbitraire de sa détention.

Nous vous prions d’agréer, Excellences, l’expression de notre haute considération.

Sidiki KABA,
Président de la FIDH

Vo Van Ai,
Président du Comité Vietnam pour la Défense des Droits de l’HommeVice-Président de la FIDH

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