Tibet : la société civile alerte les parlementaires de l’Union européenne sur les impacts dévastateurs des barrages hydroélectriques chinois

19/05/2025
Déclaration
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Marco Ranieri / International Campaign for Tibet

Une conférence, organisée conjointement au Parlement européen par la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et son organisation membre International Campaign for Tibet (ICT), a réuni des responsables politiques, des chercheur·es et des expert·es en droits humains pour examiner la construction systématique de barrages hydroélectriques chinois sur le Plateau tibétain et ses répercussions graves et profondes sur les droits humains et l’environnement.

19 mai 2025. Le 14 mai, cet événement, co-animé par les députés européens Dainius Žalimas et Hannes Heide, respectivement président et co-président de European Parliament’s Friends of Tibet group a permis de rappeler que l’Union européenne (UE) doit se préoccuper urgemment et davantage des retombées dévastatrices de ces barrages sur les Tibétain·es, sur l’ensemble de l’Asie et sur le reste du monde.

« Ce qui se produit sur le toit du monde a une incidence sur nous tou·tes à l’échelle mondiale, et l’Union européenne ne saurait rester silencieuse au sujet des barrages chinois au Tibet. L’extraction de ressources dans un pays occupé, générant atteintes aux droits humains et destruction de l’environnement, n’est pas acceptable. Un développement réellement durable, c’est lorsque les projets respectent la planète et les êtres humains qui y vivent », a insisté Hannes Heide (Austria, Socialists & Democrats) dans son allocution de bienvenue à la conférence.

Palmo Tenzin, chercheuse senior à l’ICT, a ouvert la table ronde par une synthèse des conclusions du récent rapport de l’ICT sur les projets de barrages hydroélectriques chinois au Tibet.. Elle a expliqué en quoi ces projets n’étaient pas durables, contrairement à ce que prétendent les autorités chinoises, et a mis en avant une série de recommandations à l’intention des organisations internationales et des gouvernements étrangers - notamment la nécessité pour l’UE de garantir qu’aucune entreprise européenne n’est impliquée dans la chaîne logistique de construction de barrages hydroélectriques au Tibet.

Tenzin Choekyi, chercheuse senior à Tibet Watch, a fourni des indications sur les coûts humains, culturels et civilisationnels de l’expansion non réglementée des infrastructures hydroélectriques chinoises. Elle a également montré une vidéo des manifestations contre le barrage de Kamtok (Gangtuo) en février 2024, qui ont fait l’objet d’une répression violente de la part des autorités chinoises.

Dans la dernière intervention, Wolfgang Schwanghart, géomorphologiste à l’Université de Potsdam ayant une expérience de terrain dans la région de l’Himalaya, a apporté un point de vue scientifique sur les risques environnementaux associés à la construction de barrages au Tibet. Il a également rappelé les risques que présente la construction de projets hy-dro-électriques à grande échelle dans une région extrêmement sismique, et a cité le séisme de janvier à Dingri pour souligner la gravité des répercussions possibles. Il a notamment émis de vives réserves au sujet du projet hydroélectrique récemment approuvé de Medog (Motuo), décrit par des expert·es comme « le projet le plus dangereux de la planète », en raison de son implantation dans une zone reculée, sujette aux glissements de terrain et aux tremblements de terre fréquents, disposant d’infrastructures limitées, et objet de tensions géopolitiques importantes entre la Chine et l’Inde.

Dans son allocution de clôture, Rigzin Genkhang, représentante du Dalaï Lama à Bruxelles, a souligné qu’il était urgent que les organismes de défense de l’environnement reconnaissent le rôle stratégique du Plateau tibétain pour le climat mondial et le fassent inclure dans les réseaux de protection de l’environnement.

« Il est évident que, sous prétexte de lutter contre le changement climatique, nous perpétuons les erreurs du passé. En élaborant des stratégies sans garantir l’espace civique, la transparence, l’accès à l’information, la participation citoyenne et le droit à la liberté d’expression et à l’autodétermination, nous perpétuons l’extractivisme, les retombées incontrôlées sur l’environnement et les atteintes graves aux droits humains », a conclu Gaëlle Dusepulchre, directrice adjointe du bureau Entreprises, droits humains et environnement de la FIDH..

L’événement a également réuni des membres du Parlement européen, leurs assistant·es parlementaires et des membres de la société civile, dont des représentant·es du peuple Ouïghour, qui a aussi été confronté à des politiques coloniales similaires d’extraction des ressources.

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