Paris, le 2 mai 2024. Les 6 et 7 mai prochains, le président chinois Xi Jinping effectuera une visite officielle en France, marquant ainsi son premier déplacement en Europe depuis 2019. Cette visite qui fait suite à la visite du Président Macron en Chine en avril 2023, s’inscrit dans le cadre de la célébration du 60ème anniversaire de l’établissement des relations franco-chinoises.
Quelques jours avant la visite, M. Macron a rencontré le ‘sikyong’ (président) du gouvernement tibétain en exil, Penpa Tsering, le 30 avril au palais de l’Élysée, lors d’une cérémonie de remise de la Légion d’honneur à l’ancien sénateur André Gattolin, un ami de longue date du Tibet. Lors de cet événement, Penpa Tsering a remis au président français une photo de sa rencontre avec le Dalaï Lama en 2016, dédicacée par le leader spirituel tibétain, et l’a exhorté à ne pas oublier le Tibet, selon l’Administration centrale tibétaine (le nom officiel du gouvernement tibétain en exil). Il s’agissait d’un moment important, car quelques jours auparavant, le gouvernement chinois avait de nouveau qualifié l’Administration centrale tibétaine d’"entité séparatiste".
« Nous comprenons que l’agenda entre les deux présidents sera dense compte tenu des nombreuses crises internationales comme en Ukraine et au proche-orient mais cela ne doit pas se faire au détriment des échanges sur les droits humains, qui sont dans une situation déplorable dans tout le pays ainsi qu’à Hong Kong, au Xinjiang (région Ouïgoure) et au Tibet où un conflit latent perdure depuis plus de soixante ans et constitue une menace pour la sécurité régionale et internationale, » indique Vincent Metten, directeur des Affaires européennes pour International Campaign for Tibet.
Le Tibet revêt une importance stratégique en tant que corridor entre l’Asie du Sud et l’Asie de l’Est. Une paix durable dans la région ne pourra être atteinte qu’avec une résolution pacifique du conflit tibétain. Or dans le rapport 2024 de Freedom House, le Tibet obtient un score négatif de 2 sur 40 en matière de droits politiques et un score de 2 sur 60 en matière de libertés civiles.Le Tibet obtient donc une note globale de 0 sur 100. Il s’agit de la pire note obtenue par le Tibet depuis au moins huit ans.
Une politique d’assimilation agressive du gouvernement chinois illustrée par les internats où plus d’un million de d’enfants tibétains sont placés, menace à terme d’éradiquer la culture et l’identité tibétaines. Cette politique a été condamnée par de nombreux états lors du quatrième Examen périodique universelle de la Chine par le Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies en janvier dernier.
« Il est important de re-paramétrer les relations entre la France et la Chine afin de mettre les droits humains au cœur de la politique extérieure française. Le Président Macron doit dénoncer avec force, en privé mais aussi publiquement, la répression sur place mais aussi en France, ce qu’on dénomme la répression transnationale, qui touche les activistes et défenseur⋅es des droits de l’homme chinois, les Hongkongais, les Ouïgours ou les Tibétains » insiste Patrick Baudouin, le Président de la Ligue des droits de l’Homme.
En amont de la visite du président chinois, la Ligue des droits de l’Homme, la FIDH et International Campaign for Tibet ont adressé un courrier en janvier 2024 au ministre des Affaires étrangères français soulignant que cette visite représente une opportunité pour placer le respect des droits humains au centre des relations franco-chinoises.
Pour Maryse Artiguelong, vice-présidente de la FIDH , « le conflit en Ukraine souligne la menace que représentent les régimes autoritaires comme la Russie ou la République populaire de Chine pour la sécurité et l’ordre international. Leurs politiques étrangères agressives et leurs politiques intérieures répressives sont indissociables : quiconque ne s’oppose pas aux violations des droits humains par la Chine risque un jour de faire face à sa politique étrangère agressive. »
Une manifestation pour le respect des droits humains en Chine se tiendra dimanche 5 mai à 15h Place de la République à Paris.