« Le gouvernement a enfin commencé à donner suite aux recommandations formulées depuis des années sur la nécessité de réformer les lois thaïlandaises sur les drogues et de mettre en place des alternatives à la détention afin de réduire la population carcérale du pays. Toutefois, le seul désengorgement des prisons ne suffira pas à améliorer les conditions de détention. Il faut faire davantage pour garantir que les détenu.e.s soient traité.e.s avec dignité et humanité. »
Le rapport annuel de la FIDH et de l’UCL sur les prisons est la seule évaluation indépendante et complète des conditions de détention en Thaïlande. Le rapport 2022 aborde les développements, les tendances, les faits et les chiffres du système pénitentiaire thaïlandais du 1er janvier au 31 décembre 2021, et formule de nombreuses recommandations pratiques pour améliorer les conditions de détention.
La réponse lente et inadaptée des autorités à la pandémie de Covid-19 dans les prisons est le principal sujet de préoccupation examiné dans le rapport. Bien que les organisations non-gouvernementales aient tiré la sonnette d’alarme au début de la pandémie, sur l’insuffisance des mesures prises par le gouvernement pour lutter contre la propagation du Covid-19 dans le système pénitentiaire, plus d’un an plus tard, les autorités ont été prises au dépourvu par une nouvelle vague d’infections. L’inefficacité des mesures préventives, l’inadaptation de l’allocation budgétaire et la lenteur du déploiement des vaccins n’ont pas permis d’arrêter la propagation du virus dans les établissements pénitentiaires du pays.
Un autre sujet de préoccupation permanente est la situation des conditions de détention, qui restent en-dessous des standards internationaux de 2021. Sur la base des entretiens menés par la FIDH avec 11 ancien.ne.s détenu.e.s, des problèmes récurrents sont apparues, notamment :
– une surpopulation carcérale ;
– des détenu.e.s soumis.es à des punitions cruelles, des traitements dégradants et des discriminations ;
– de mauvaises conditions d’hygiène ;
– un accès insuffisant aux services médicaux, y compris pour la santé mentale ;
– un isolement accru du monde extérieur et un manque d’opportunités récréatives ; et
– l’inefficacité des mécanismes de plainte.
En ce qui concerne les évolutions positives, la Thaïlande a connu une diminution progressive de 27 % de sa population carcérale totale. Toutefois, il convient de souligner que la population carcérale reste élevée et que le système pénitentiaire continue de souffrir de surpopulation.
En outre, bien que les détenu.e.s incarcéré.e.s pour des infractions liées à la drogue continuent de représenter l’écrasante majorité de la population carcérale thaïlandaise – près de 82 % en décembre 2021 – le Ministère thaïlandais de la Justice a encouragé des modifications de la législation relative à la drogue, attendues depuis longtemps, dans le but de réduire la surpopulation carcérale. La loi adoptée en 2021 met l’accent sur la prévention et le traitement plutôt que sur la sanction, en cas de possession de petites quantités de drogues pour un usage personnel. Elle vise également à adapter les sanctions liées à la production, à l’importation ou à l’exportation de drogues, à la possession et à l’abus de drogues afin qu’elles soient proportionnelles à la gravité de l’infraction.
Enfin, le nombre de détenu.e.s condamné.e.s à mort a sensiblement diminué en 2021. De janvier à décembre 2021, le nombre de ces détenu.e.s a diminué de 31 %.
Le rapport annuel sur les prisons 2022 fait suite à la publication de deux autres rapports de la FIDH et de l’UCL sur les conditions de détention ces dernières années, disponibles uniquement en anglais :
– « Behind the walls - A look at prison conditions in Thailand after the coup », publié en février 2017 ;
– « Flawed models - Implementation of international standards in Thailand’s ’model’ prisons for women », publié en décembre 2019.
Lire le rapport 2021 (en anglais) :