Paris, 10 septembre 2012. Alors qu’une Commission d’Enquête Nationale vient d’affirmer que le changement de présidence en février ne constituait pas un coup d’État, la FIDH fait aujourd’hui le point sur l’état de la démocratie et des droits de l’Homme dans l’archipel des Maldives. Dans son rapport « Sous la plage, les pavés : la démocratie en recul aux Maldives », la FIDH évoque la répression récente de manifestations pro-démocratiques, les manquements à la séparation des pouvoirs et la montée du fondamentalisme religieux.
En 2008, une nouvelle constitution mettait un terme à plusieurs décennies de dictature aux Maldives. Maumoon Abdul Gayoom, au pouvoir depuis 1978, se retirait sans heurt, laissant la place au nouveau président élu, Mohamed Nasheed, marquant une transition démocratique réussie.
Malgré d’importants progrès dans le domaine des droits de l’Homme, le président Nasheed fit rapidement face à une forte opposition se fondant sur les divisions politiques persistantes ainsi que la corruption perdurant suite à sa prise de pouvoir. C’est finalement la question de l’Islam qui finit de rassembler l’opposition, qui s’allia fin 2011 à une coalition de groupes fondamentalistes au sein du ’mouvement du 23 décembre pour la protection de l’Islam’. Après plusieurs semaines de manifestations, la police finit par se retourner contre Mohamed Nasheed qui démissionna le 7 février 2012. Il fut remplacé par son Vice-Président, Mohamed Waheed.
A l’occasion de sa mission internationale d’enquête aux Maldives, début août, la FIDH a pu observer la détérioration ces derniers mois de la liberté d’assemblée et de la liberté de la presse, et recueillir de nombreux témoignages de victimes de violences policières et d’arrestations arbitraires. Surtout, il est apparu que l’influence des groupes fondamentalistes était réelle, au détriment notamment des droits des femmes, comme le rappelle la condamnation au fouet, le 4 septembre, d’une jeune fille de 16 ans. Des groupes appellent en outre à la mise en application de la peine de mort selon les principes de la Charia, alors qu’un moratoire est en place depuis 1953. Hilath Rasheed, un défenseur des droits de l’Homme militant pour la tolérance religieuse, a été attaqué à coups de couteau en juin dernier. Accueilli cette semaine à Paris et à Genève par la FIDH, il déclare : « Des fondamentalistes m’ont lâchement attaqué le 4 juin. J’ai tout juste survécu à leur agression et ils ont à nouveau tenté de m’assassiner tandis que j’étais alité à l’hôpital. Bien que je sois désormais en exil, je demande aux autorités de lancer une enquête, ce qu’elles n’ont jamais fait ».
Enfin, la nomination, au cours des derniers mois, de proches de l’ancien dictateur Gayoom au sein du gouvernement, est un autre signe inquiétant quant au respect des principes démocratiques et de l’État de droit dans le pays.
« La FIDH appelle les autorités en place à immédiatement mettre un terme au climat d’impunité qui s’est installé aux Maldives depuis février dernier. Le Gouvernement doit démontrer sa volonté de respecter les acquis démocratiques, notamment en mettant en œuvre, en toute transparence et en collaboration avec la communauté internationale, les recommandations faites par la Commission Nationale d’Enquête, en premier lieu le renforcement des institutions », a déclaré Souhayr Belhassen, présidente de la FIDH.