Laos : Les leaders étudiants militant en faveur de la démocratie doivent être libérés après 16 années de détention arbitraire

10/12/2015
Communiqué
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From left to right : Thongpaseuth Keuakoun, Sengaloun Phengphanh, Bouavanh Chanhmanivong, Khamphouvieng Sisa-at, and Keochay,

(Paris, Genève) Le gouvernement lao doit libérer immédiatement et sans condition les deux anciens leaders étudiants militant en faveur de la démocratie qui ont été arrêtés arbitrairement il y a plus de 16 ans et révéler le sort des deux autres leaders, ont déclaré aujourd’hui L’Observatoire pour la Protection des Défenseurs des Droits de l’Homme (un programme conjoint de la FIDH et de l’OMCT) et le Mouvement Lao pour les Droits de l’Homme (MLDH).

M. Thongpaseuth Keuakoun et M. Sengaloun Phengphanh, deux anciens leaders étudiants, membres du mouvement des étudiants lao pour la démocratie (MELD), restent détenus dans la prison de Samkhe, situé dans la périphérie est de Vientiane. Thongpaseuth et Sengaloun ont été arrêtés à Vientiane le 26 octobre 1999, avec leurs camarades membres du MELD, M. Bouavanh Chanhmanivong, M. Khamphouvieng Sisa-at, et M. Keochay, pour avoir planifié des manifestations pacifiques appelant à la démocratie, la justice sociale et le respect des droits de l’Homme. Ces cinq personnes ont été condamnées à 20 ans de prison pour « avoir généré des émeutes sociales et mis en danger la sécurité nationale ». Le gouvernement, a toutefois nié l’arrestation de Bouavanh, Khamphouvieng, et Keochay.

Thongpaseuth et Phengphanh sont isolés dans une cellule avec les jambes bloquées en permanence dans un carcan en bois. L’administration pénitentiaire les autorise à sortir de leur cellule une fois par semaine voire toutes les deux semaines pour nettoyer et vider leurs excréments. Ils sont accompagnés par des officiers de police er non par des gardiens de prison. Les témoins indiquent qu’ils ressemblent à des squelettes humains ». L’administration pénitentiaire leur refuse les visites et leur interdit de recevoir de la nourriture ou les médicaments envoyés par leur famille. Pendant de nombreuses années, le gouvernement Lao a refusé de reconnaitre la détention de Thongpaseuth et Phengphanh.

« La longue détention arbitraire des deux anciens leaders étudiants ainsi que les tortures endurées constituent des violations aux droits humains graves et inacceptables. Les autorités doivent les libérer immédiatement et sans condition, enquêter sur les allégations de torture ou de mauvais traitements et indemniser leur détention injustifiée »

Karim Lahidji, Président de la FIDH

Khamphouvieng Sisa-at est mort à la prison de Samkhe en septembre 2001 à la suite de privation de nourriture, d’expositions prolongées à la chaleur et l’absence de soins médicaux. En 2006, le gouvernement a déclaré que Keochay avait été libéré en 2002, après avoir purgé sa peine et « confié à des tuteurs chargés de l’éduquer pour qu’il devienne un bon citoyen ». Cependant la famille de Keochay n’a jamais été informée de sa prétendue libération et son sort demeure toujours inconnu à ce jour. Les déclarations du gouvernement sur la libération de Keochay et la mort de Sisa-at en détention contredisent les précédentes déclarations de Vientiane selon lesquelles seuls deux membre du MELD - Thongpaseuth et Phengphanh – auraient été arrêtés le 26 octobre 1999. A ce jour, le sort du cinquième leader étudiant, Bouavanh reste toujours inconnu.

« Nous demandons expressément aux autorités Lao de mener une enquête pour déterminer les circonstances de la mort de Khamphouvieng Sisa-at dans la prison de Samkhe, rendre publics les résultats des investigations, et condamner les responsables de sa mort. Elles doivent révéler le sort de Bouavanh et Keochay »

Gerald Staberock, Secrétaire Général de l’OMCT

Par ailleurs, l’Observatoire et le MLDH appellent les autorités Lao à donner des informations sur le sort de neuf autres activistes, deux femmes, Mme Kingkeo et. Somchit et sept hommes, Ms. Soubinh, Souane, Sinpasong, Khamsone, Nou, Somkhit, et Sourigna qui ont été emprisonnés en Novembre 2009 pour avoir participé à des manifestations en faveur de la démocratie.

« Plus d’efforts de la communauté internationale sont nécessaires pour faire pression sur le gouvernement Lao et demander que toute la transparence soit faite sur le sort des nombreux leaders étudiants, activistes et défenseurs des droits de l’Homme disparus. Plusieurs de ces cas s’apparentent à des disparitions forcées – un sujet que le gouvernement Lao a négligé depuis déjà trop longtemps »

Vanida Thephsouvanh, Présidente du MLDH

L’Article 2 de la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées (ICPPED) définit les disparitions forcées comme « l’arrestation, la détention, l’enlèvement ou toute forme de privation commis par des agents de l’État ou par des personnes ou des groupes de personnes qui agissent avec l’autorisation, l’appui ou l’acquiescement de l’État, suivi du déni de la reconnaissance de la privation de liberté ou de la dissimulation du sort réservé à la personne disparue ». Malgré avoir signé l’ICPPED en septembre 2008, le Laos n’a toujours pas ratifié la Convention.

Le 23 juin 2015, lors de son second Examen Périodique Universel (EPU), la Laos a rejeté l’ensemble des huit recommandations demandant de mener des enquêtes sur toutes les allégations de disparition forcé et a rejeté ses allégations comme étant « fausses ».

L’Observatoire et le MLDH réitère leur appel pour que le gouvernement Lao procède à un examen approfondi et impartial sur tous les cas de disparitions forcées dans le pays et condamne les responsables. Les deux organisations appellent également le gouvernement Lao à accélérer leur enquête sur la disparition forcée du leader proéminent de la société civile Sombath Somphone, qui a été vu pour la dernière fois à un poste de police dans une rue animée de Vientiane le soir du 15 décembre 2012.

Contact Presse
FIDH : M. Andrea Giorgetta (Anglais) - Tel : +66886117722 (Bangkok)
FIDH : M. Arthur Manet (Français, Anglais, Espagnol)) - Tel : +33672284294 (Paris)
OMCT : Ms. Delphine Reculeau : +41228094939 (Genève)
OMCT : M.Miguel Martín Zumalacárregui : +41 22 809 49 24 (Brussels)
MLDH : Vanida Thephsouvanh (Anglais, Français, Lao,) – Tel : +33160065705 (Paris)
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