L’UE doit demander au gouvernement de résoudre les problèmes clés lors du dialogue sur les droits de l’homme

07/03/2019
Communiqué
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(7 mars 2019) L’Union européenne (UE) doit demander au gouvernement lao de libérer les opposants emprisonnés, d’enquêter sur tous les cas de disparitions forcées, de verser des indemnisations appropriées aux victimes des confiscations de terre et aux survivants d’un récent effondrement d’un barrage, ont déclaré aujourd’hui la FIDH et son organisation membre, le Mouvement Lao pour les Droits de l’Homme (MLDH). La FIDH et le MLDH ont lancé cet appel à l’occasion du 9ème dialogue sur les droits de l’homme entre l’UE et le Laos, qui se tient aujourd’hui à Vientiane.

Parallèlement à leur appel, les deux organisations ont publié un document actualisé sur la situation des droits de l’homme au Laosdepuis le dialogue précédent, tenu en mars 2018 à Vientiane, au Laos. Le document rend compte des développements sur les questions suivantes : 1) les détentions arbitraires ; 2) les disparitions forcées ; 3) les violations du droit à la liberté de religion ou de conviction ; 4) la catastrophe du barrage Xe-Pian Xe-Namnoy ; et 5) les droits fonciers.

« L’absence constante de progrès en matière de droits de l’homme au Laos devrait contraindre Bruxelles à se faire entendre davantage dans ses interactions avec le gouvernement. L’UE devrait obtenir des engagements concrets de la part du gouvernement lao, tels que la libération immédiate et sans condition de toutes les personnes soumises à des détentions à motivation politique. L’UE ne devrait pas tomber dans le piège consistant à permettre au gouvernement du Laos de degrader le dialogue en un rituel vide de sens »

Debbie Stothard, secrétaire générale de la FIDH

Au moins 14 prisonniers politiques restent incarcérés dans le pays. Somphone Phimmasone, Soukan Chaithad et Lodkham Thammavong, purgeant une peine de prison allant jusqu’à 20 ans d’emprisonnement pour leurs critiques pacifiques à l’encontre du gouvernement concernant des allégations de corruption, de déforestation et de violations des droits de l’homme ; Bounthanh Thammavong, polonais d’origine laotienne, militant en faveur de la démocratie, condamné à une peine de quatre ans et neuf mois pour une publication sur Facebook dans laquelle il a critiqué les politiques et les actions du gouvernement ; et 10 villageois de Ban Yeup, dans le district de Thateng, dans la province de Sekong, détenus sans jugement depuis juillet 2017 pour avoir coupé des hévéas pour protester contre la confiscation de terres.

S’agissant des disparitions forcées, le sort d’au moins 14 personnes et le lieu où elles se trouvent restent inconnus : Sombath Somphone, dirigeant de la société civile, a disparu à Vientiane en décembre 2012 ; deux femmes, Kingkeo Phongsely et Somchit, et sept hommes, Soubinh, Souane, Sinpasong, Khamsone, Nou, Somkhit et Sourigna, arrêtés par les forces de sécurité en novembre 2009 ; Somphone Khantisouk, propriétaire d’une entreprise d’écotourisme, qui a été enlevé dans la province de Luang Namtha en janvier 2017 ; et Ittiphon Sukpaen, Wuthipong Kachathamakul et Surachai Danwattananusorn, trois critiques de la monarchie thaïlandaise exilés au Laos qui ont disparu, resspectivement, en juin 2016, juillet 2017 et décembre 2018. Les autorités laotiennes n’ont pas mené d’enquêtes effectives et impartiales sur toutes ces affaires.

L’effondrement du barrage de Xe-Pian Xe-Namnoy dans la province d’Attapeu en juillet 2018 a révélé au grand jour la réaction lente, inadéquate et non transparente du gouvernement face à la catastrophe. Malgré la gravité et l’ampleur apparentes de la catastrophe, le gouvernement a immédiatement cherché à minimiser le nombre de morts et à bloquer des reportages indépendants sur le désastre. Fin janvier 2019, les autorités ont finalement révélé que 49 personnes avaient été confirmées mortes et 22 sont toujours portées disparues. Toutefois, les activistes et les villageois locaux ont estimé que le nombre de morts pourrait être considérablement plus élevé, le sort de centaines d’habitants reste indéterminé.

L’indemnisation et l’assistance accordées aux survivants et aux familles des victimes de l’effondrement du barrage ont été tout à fait insuffisantes. En outre, malgré la formation de deux comités d’enquête nommés par le gouvernement, aucune responsabilité pour la catastrophe n’a encore été établie. Des informations ont également fait état d’un manque de transparence et d’un risque de corruption de la part des autorités dans le cadre des opérations de secours, notamment en ce qui concerne l’achat et la construction de « maisons temporaires » pour les survivants.

« L’effondrement du barrage de Xe-Pian Xe-Namnoy démontre que les projets d’investissement et d’infrastructure au Laos peuvent souvent avoir des conséquences désastreuses pour les communautés locales en raison du manque de transparence et de responsabilité du gouvernement. À moins que Vientiane ne prenne des mesures audacieuses en vue de réformes institutionnelles et juridiques essentielles, l’UE et ses États membres devraient reconsidérer les modalités de leur implication économique au Laos »

Présidente du MLDH Vanida Thephsouvanh

Des inquiétudes subsistent également concernant l’absence actuelle d’indemnisation pour les communautés dont les terres ont été confisquées par les autorités pour la construction du chemin de fer à grande vitesse de 417 km reliant la ville frontalière Chine-Laos de Boten à Vientiane. En novembre 2018, il a été signalé que 94% des terrains nécessaires à la voie ferrée avaient été acquis et que le projet était achevé à plus de 40%. Cependant, en janvier 2019, plus de deux ans après le début du projet, de nombreuses familles sur 4 400 touchées par la construction du chemin de fer n’avaient reçu aucune indemnisation pour leur perte, leurs terres, leurs moyens de subsistance et leurs revenus.

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