Laos : Le non respect des engagements pris par le gouvernement à l’EPU appelle à plus de pression internationale

19/01/2015
Communiqué
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Paris, le 19 Janvier 2015 : L’échec, manifeste et incontestable, du gouvernement lao à tenir ses engagements en matière de droits appelle à plus de pression politique de la communauté internationale, ont déclaré aujourd’hui la FIDH et son organisation membre, le Mouvement Lao pour les Droits de l’Homme (MLDH). Les deux organisations ont lancé cet appel à la veille du deuxième examen périodique universel (EPU) du Laos, qui se tiendra le 20 Janvier à Genève.

« Verser des sommes croissantes d’aide au Laos tout en restant silencieux sur les graves violations des droits humains qui ont lieu dans le pays ne peut simplement pas fonctionner » , a déclaré président de la FIDH Karim Lahidji. « Il est temps pour la communauté internationale de commencer à appliquer une vraie pression politique sur le gouvernement pour s’assurer qu’il aborde les questions des droits humains et s’engage à de véritables réformes législatives et institutionnelles. »

Le Laos a accepté 71 des 107 recommandations formulées par d’autres pays à sa première EPU en mai 2010. Malgré ses engagements à ratifier ou accéder à cinq instruments internationaux clés des droits de l’homme, le Laos est devenu seulement partie prenante d’un seul d’entre eux : la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradant.

Six ans après l’avoir signé, le Laos n’a pas encore ratifié la Convention Internationale pour la Protection de toutes les Personnes contre les Disparitions Forcées. En outre, le gouvernement a manqué d’enquêter de manière adéquate la plupart ces cas de disparitions forcées. Ceci inclut son échec à enquêter sur la disparition d’un proéminent leader de la société civile et défenseur des droits de l’homme, Sombath Somphone, survenu le 15 décembre 2012 à Vientiane.

Le Laos a également promis de coopérer avec les mécanismes des droits de l’homme des Nations Unies. Cependant, au cours des cinq dernières années, le gouvernement n’a émis aucune invitation permanente pour les missions au Laos, ni autorisé de visite officielles dans le pays aux procédures spéciales de l’ONU. En plus, cinq rapports principaux pour les organes de traités des Nations Unies sont en retard, dont un de presque six ans.

En contraste flagrant avec ses engagements auprès de l’EPU à faire des progrès dans la lutte contre la traite des personnes et de garantir la jouissance des droits à la liberté d’expression, la liberté d’association et la liberté de religion, les principaux indicateurs font état d’une absence d’amélioration de la situation dans ces domaines.

Après avoir placé le Laos dans la catégorie « Tier 2 » pendant trois années consécutives, en 2014, le Département d’Etat américain a abaissé le pays à "Tier 2 liste à surveiller" (le deuxième plus bas niveau) pour l’échec du gouvernement à se conformer pleinement aux normes minimales pour l’élimination de la traite des êtres humains.

Le Laos était classé 168e sur 178 pays par Reporters Sans Frontières (RSF) dans son Indice de liberté de la presse en 2010. Dans l’indice 2014 de RSF, il est classé 171 sur 180.

Freedom House a toujours évalué le Laos comme ‘’non libre’’ dans son enquête mondiale annuelle sur les droits politiques et les libertés civiles. Une législation récemment adoptée vient rajouter un ensemble de lois répressives qui limitent gravement la jouissance du peuple de leurs droits civils et politiques. Le décret 327, adoptée le 16 Septembre 2014, contient des dispositions formulées en des termes extrêmement larges et vagues qui criminalisent efficacement toute critique sur internet du gouvernement et qui tombe bien en dessous des normes internationales relatives au droit à la liberté d’expression. En outre, la disparition de Sombath a eu un effet dissuasif sur la société civile dans le pays. Les organisations locales ne sont guère disposées à dénoncer les violations des droits et de mener des activités de protection et de promotion des droits humains parce qu’ils ont peur de représailles des autorités.

La Commission Américaine sur la Liberté Religieuse Internationale (USCIRF) a placé le Laos sur sa ‘’liste à surveiller’’ (Tier 2) depuis 2009. Dans son rapport annuel de 2014, USCIRF a déclaré que de graves violations de la liberté religieuse ont continué, notamment dans les régions des minorités ethniques, et que les lois restrictives restent en vigueur.

Concernant les droits fonciers, dans leur soumission conjointe pour l’EPU, la FIDH et le MLDH ont détaillé les graves et profondes implications sur les droits de l’homme dues aux baux et concessions de terres à grande échelle accordés par le gouvernement au cours des dernières années. Les deux organisations ont également documenté la répression du gouvernement sur les terres et les défenseurs des droits environnementaux qui ont travaillé avec les communautés touchées par les concessions foncières et a plaidé pour une forme de développement socio-économique plus durable et inclusive.

« Le gouvernement lao a dit que l’EPU est le seul processus légitime pour aborder les droits de l’homme au niveau international. Malheureusement, le gouvernement a quasiment ignoré la plupart des recommandations qu’il a acceptées lors de son premier EPU il y a près de cinq ans » , a déclaré la présidente du MLDH, Vanida Thephsouvanh.

Contacts Presse
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FIDH : M. Arthur Manet (Français, Anglais, Espagnol) - Tel : +33 6 72 28 42 94 (Paris)
FIDH : Ms. Audrey Couprie (Français, Anglais, Espagnol) - Tel : +33 6 48 05 91 57 (Paris)

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