Il y a un quart de siècle, au cours de l’été 1988, des milliers de prisonniers politiques iraniens qui avaient été jugés et emprisonnés, ont été rejugés sommairement dans le cadre de procès mis en scène, avant d’être exécutés. Jusqu’à ce jour, les autorités iraniennes, dont certaines étaient au pouvoir à l’époque, n’ont pas reconnu ces crimes.
Dans un rapport publié aujourd’hui, « 25 ans après, la justice n’est toujours pas rendue : les exécutions carcérales de 1988 marquées par l’impunité », la FIDH et la LDDHI les qualifient d’exécutions extrajudiciaires et arbitraires et de crimes contre l’humanité. Tandis que l’échelle de ces crimes reste inconnue, il est certain qu’en quelques mois seulement, des milliers de prisonniers ont été exécutés. Des sources iraniennes ont pu documenter les noms et l’identité d’au moins 4672 victimes à ce jour.
« Les exécutions extrajudiciaires massives de prisonniers politiques dans plusieurs prisons iraniennes au cours de l’été 1988, constituent sans aucun doute un crime contre l’humanité. Le nombre d’exécutions, les méthodes et procédures utilisées et la convergence des témoignages confirment le caractère généralisé et systématique de ces meurtres. De plus, il ne fait aucun doute que les victimes ont été persécutées pour leurs croyances , notamment politiques et religieuses », a déclaré Karim Lahidji, président de la FIDH.
Les autorités iraniennes ont jusqu’à présent constamment refusé d’enquêter sur ces crimes, et de juger les coupables. Par ailleurs, elles ont systématiquement refuser de communiquer aux familles l’emplacement de la dépouille de leurs proches. Pire encore, les familles qui tentent de se rendre, chaque année à la fin de l’été, sur les lieux où les prisonniers ont été exécutés et ou ils ont probablement été enterrés, sont régulièrement harcelées et menacées par les forces et sécurité et les services secrets.
Le 25ème anniversaire du massacre n’a pas fait exception : le 1er septembre, les forces de sécurité ont empêché les familles et les proches de personnes exécutées de pénétrer dans le cimetière de Kharavan, au sud-est de Téhéran. Mlle Mansoureh Behkish, qui a perdu 6 de ses proches avait prévu avec sa mère de 90 ans de se rendre au cimetière de Kharavan le 5 septembre 2013. Des fonctionnaires du Ministère de l’Information l’ont convoquée et menacée le 28 août. En janvier 2009, des bulldozers ont détruit des pierres tombales installées au cimetière de Kharavan par les familles de personnes exécutées.
« Les autorités iraniennes doivent immédiatement localiser, identifier et rendre les corps des victimes à leurs familles », a ajouté M.Lahidji. « Elles doivent arrêter de persécuter et poursuivre en justice les Mères de Kharavan, les Mères du Parc Laleh et leurs soutiens. Nous appelons à la libération immédiate de toutes ces personnes qui ont été arbitrairement détenues pour avoir voulu connaître la vérité, notamment Mlle Hakimeh Shokri et M. Mohammad Ebrahimi ».
Dans une lettre conjointe, la FIDH et la LDDHI ont demandé aujourd’hui au Rapporteur Spécial des Nations Unies sur la situation des droits de l’Homme en Iran, ainsi qu’aux procédures spéciales des Nations-Unies concernées, d’inclure dans leurs prochains rapports des observations et recommandations spécifiques aux exécutions massives de 1988 et à la persécution des familles des victimes.
Les autorités iraniennes doivent inviter tous les mécanismes des Nations-Unies pertinents en Iran et leur donner libre accès aux familles des victimes et aux anciens prisonniers politiques, ainsi qu’au cimetière de Kharavan et tout autre lieu où les prisonniers exécutés ont été enterrés.