La visite de représentants de l’UE en Iran coïncide avec l’exécution de délinquants juvéniles

31/07/2015
Communiqué

La FIDH et ses organisations membres en Iran, Defenders of Human Rights Centre (DHRC) et la Ligue de Défense des Droits de l’Homme en Iran (LDDHI), dénoncent le fait que les diplomates européens qui se sont rendus en Iran ont privilégié leur intérêts économiques plutôt que les droits humains, après la visite à Téhéran du Vice-chancelier d’Allemagne Sigmar Gabriel, de la Haute représentante de l’UE Federica Mogherini, et du Ministre des Affaires étrangères français Laurent Fabius, alors que plusieurs exécutions illégales de délinquants juvéniles devraient avoir lieu prochainement.

Nous sommes convaincus que le dialogue est le moyen de progresser en Iran, mais les États ne peuvent ignorer que l’Iran est le deuxième plus grand bourreau au monde et menace les délinquants juvéniles avec la peine de mort ,” a déclaré Karim Lahidji, président de la FIDH.

Le recours à la peine de mort en Iran augmente depuis des années. Si le rythme d’exécutions actuel continue, nous serons témoins en 2015 du plus grand nombre d’exécutions en Iran depuis les années sanglantes de 1988 et 1989. [1] Les autorités iraniennes ont reconnu officiellement 246 exécutions effectuées entre le 1 janvier et le 15 juillet 2015, un chiffre qui selon des sources fiables serait en réalité plus de 600. Or cela correspond au nombre d’exécutions signalé en 2014 sur l’année entière, ce qui indique une tendance inquiétante de la montée du nombre d’exécutions. Actuellement, plusieurs milliers de personnes attendraient dans les couloirs de la mort en Iran, accusés notamment d’homicide, de trafic de drogues ou de blasphème.

L’Iran est également un des rares pays à exécuter des personnes mineures au moment des faits, et détient le triste record d’en être le bourreau du plus grand nombre. Au moins 160 des personnes qui sont actuellement dans les couloirs de la mort en Iran auraient eu moins de 18 ans au moment de leurs supposés crimes, en violation du droit international, y compris de la Convention internationale des droits de l’enfant que l’Iran a pourtant signée et ratifiée.

Malgré l’interdiction en droit international de l’exécution des délinquants juvéniles, l’Iran persiste dans cette pratique, en parallèle au réchauffement des relations avec les pays de l’Occident ,” a déclaré Karim Lahidji. “ La communauté internationale, y compris l’UE, a la responsabilité d’inclure les droits humains au centre de leurs relations avec l’Iran et d’insister pour que ces violations cessent immédiatement .”

Le 15 avril 2015, l’Iran a exécuté Javad Saberi pour homicide, alors qu’il n’avait que 17 ans et souffrait d’une maladie mentale sérieuse au moment des faits qui lui étaient reprochés. D’autres délinquants juvéniles attendent le même sort. Salar Shadizadi attend être exécuté le 1 août 2015 pour un meurtre qu’il aurait commis quand il avait 15 ans. Hamid Ahmadi est aussi en danger imminent d’exécution, bien qu’il existe des doutes quant à son age au moment du crime supposé : des rapports indiquent qu’il avait 15 ans, d’autres 16 ans. Saman Naseem, lui aussi condamné à mort pour un crime qu’il aurait commis à l’age de 17 ans, et dont les informations confirmaient son exécution il y a cinq mois, a récemment refait surface dans la prison de Zanjan. [2]

Nos organisations appellent le gouvernement iranien à cesser immédiatement l’exécution des délinquants juvéniles et à abroger la peine de mort pour les mineurs, en conformité avec le droit international, et ce en tant que premier pas vers l’abolition absolue de la peine de mort. Nous implorons également la communauté internationale à insister sur le respect des droits humains et le droit international comme élément central de leurs relations économiques et politiques avec l’Iran.

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