Réformer le système en profondeur

12/07/1999
Appel urgent

La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) condamne la violence utilisée par les forces de l’ordre en Iran. Selon nos informations, à l’heure actuelle, entre 40 et 50.000 personnes manifesteraient à Téhéran et le mouvement de protestation des étudiants s’est étendu, dès dimanche, aux principales villes du pays, telles que Shiraz, Mashahad, Isfahan, Hamedan et Tabriz. Des affrontements entre forces de police soutenues par les partisans de la ligne dure du régime, d’une part, et les étudiants d’autre part, ont eû lieu, notamment à Téhéran et Tabriz.

Dimanche soir, le Conseil suprême de la sécurité nationale, la plus haute instance iranienne en matière de sécurité intérieure et extérieure, présidée par Mohammad Khatami, a mis en garde les étudiants contre de nouvelles manifestations, rappelant qu’elles ne peuvent " se tenir légalement qu’après obtention d’une autorisation " et que " ceux qui passeront outre seront sanctionnés ".

La FIDH estime que ces manifestations, sans précédent depuis plusieurs décennies en Iran, traduisent l’aspiration d’une grande partie de la population à une large ouverture de la part du régime. Selon la FIDH, ces manifestations sont non seulement la conséquence de la lenteur des réformes et de l’obstruction systématique des conservateurs, mais, plus encore, de la sclérose d’un système dont les fondements théocratiques sont intrinsèquement incompatibles avec les droits de l’Homme. C’est dans la sacralisation des institutions, qui destitue le peuple de la souveraineté, et dans les pratiques abusives du régime, souvent renforcées par l’impunité de droit ou de fait dont bénéficient les auteurs d’exactions, qu’il faut chercher la source de cette protestation.

La FIDH condamne fermement le recours des forces de l’ordre à la violence, et demande aux autorités iraniennes d’accepter l’envoi d’une Commission internationale d’enquête pour examiner les conditions du déroulement des affrontements, déterminer le nombre exact de victimes et établir les responsabilités dans l’attaque de l’université, à l’origine des manifestations actuelles. La FIDH demande également au gouvernement iranien de prendre les sanctions nécessaires. La population iranienne ne pourra se contenter d’un saupoudrage de façade mais attend une réforme en profondeur du système.

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