RSF, la FIDH et la LDDHI appellent la communauté internationale à faire pression sur les autorités iraniennes pour qu’elles mettent fin aux violations des droits de l’Homme

03/02/2012
Communiqué
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Reporters sans frontières, la Fédération Internationale des ligues des Droits de l’Homme et la Ligue iranienne pour la Défense des Droits de l’Homme appellent la communauté internationale à prendre une position plus ferme quant à la garantie et au respect des droits de l’Homme en Iran, en abordant cette question essentielle lors des négociations en cours avec le pays. Les organisations leur demandent également de condamner publiquement les traitements inadmissibles réservés par les Gardiens de la Révolution aux journalistes et net-citoyens emprisonnés.

Le 29 janvier 2012, l’agence iranienne Farsnews, proche des Gardiens de la Révolution, a confirmé la condamnation à mort de Saeed Malekpour, informaticien et résident permanent au Canada. L’agence a publié un communiqué du "Centre de surveillance des délits organisés" qui a exprimé sa "satisfaction" suite à cette décision. L’exécution de Saeed Malekpour est désormais imminente.

Deux autres net-citoyens, l’étudiant en technologies de l’information Vahid Asghari et l’administrateur de sites Internet Ahmadreza Hashempour, ont également vu leurs peines confirmées par la Cour suprême iranienne ces derniers jours.

Un quatrième net-citoyen, le développeur web et humoriste Mehdi Alizadeh, arrêté pour la deuxième fois en mars 2011 pour ses écrits satiriques, vient d’être informé de sa condamnation à mort par Abolghasem Salevati, président de la 15ème chambre du tribunal de la Révolution.

“Nous demandons à la communuaté internationale d’intervenir directement en faveur de ces quatre net-citoyens auprès des autorités iraniennes, et de demander l’acquittement et la libération de tous les journalistes et blogueurs emprisonnés. La question du respect des droits fondamentaux doit être évoquée parallèlement aux discussions économiques et scientifiques en cours.”

Ces quatre net-citoyens, âgés de 25 à 40 ans, sont victimes d’une machination orchestrée par le "Centre de surveillance des délits organisés", un organe instauré illégalement par les Gardiens de la Révolution en 2008. En mars 2009, ce centre a officiellement annoncé le démantèlement d’un réseau Internet "malveillant" et l’arrestation de plusieurs modérateurs de sites. Quelques jours plus tard, les "aveux" des individus arrêtés ainsi que leurs photos ont été diffusés, notamment sur le site Gerdab. Sous la torture, les accusés ont reconnu leurs liens avec des sites critiques vis-à-vis de l’islam et du régime en place, ainsi que leur intention de "détourner" la jeunesse iranienne par la diffusion de contenus pornographiques. Ils ont également été forcés d’avouer leur participation à un complot soutenu par les Etats-Unis et Israël.

Arrêtés il y a un an, les détenus ont été soumis à de longues périodes d’isolement, pendant toute une année pour certains. Leurs aveux obtenus sous la torture ont par la suite été utilisés contre eux au cours de leurs procès. Saeed Malekpour et Vahid Asghari ont décrit le calvaire de ces interrogatoires dans des lettres adressées aux juges chargés de leur dossier. Les avocats assurant la défense des net-citoyens accusés n’ont pu ni rencontrer leurs clients ni avoir accès à leurs dossiers.

Les organisations de défense des droits de l’homme soutiennent l’appel publié le 25 janvier 2012 par 39 prisonniers politiques, journalistes et intellectuels pour la libération de tous les prisonniers d’opinion, et notamment des leaders du mouvement de protestation contre la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad.

Depuis le 24 février 2011, Mir Hossein Mousavi, ancien Premier ministre et propriétaire du journal suspendu Kalameh Sabaz, et sa femme, l’intellectuelle et écrivain à succès Zahra Rahnavard, ainsi que Mehdi Karoubi, ancien Président du Parlement et propriétaire du journal suspendu Etemad Melli, ont été arrêtés et placés en résidence surveillée. La femme de Mehdi Karoubi, Fatemeh Karoubi, rédactrice en chef du magazine Iran dokhte, arrêtée en même temps que lui, a finalement été libérée au mois de septembre 2011. Depuis presque un an, ces trois détenus ont été privés de tous leurs droits. Leurs familles sont très inquiètes pour leur santé, et n’ont pu leur rendre visite depuis plusieurs mois.

La République islamique doit mettre un terme à cette situation inacceptable. Les arrestations arbitraires et le maintien au secret des prisonniers politiques constituent une violation du droit international. De telles pratiques s’apparentent à des disparitions forcées. Les autorités de Téhéran n’hésitent pas à y recourir de manière généralisée et régulière.

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