Lourdes peines de prison contre des journalistes

29/11/1999
Appel urgent

La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et la Ligue pour la défense des droits de l’Homme en Iran (LDDHI) dénoncent fermement la condamnation à de lourdes peines de prison de deux intellectuels iraniens, le 27 novembre dernier.

Selon nos informations, le Tribunal spécial pour le clergé, instance illégale selon la Constitution iranienne, a condamné Abdollah Nouri, directeur du quotidien réformiste Khordad et ancien ministre de l’Intérieur, à une peine de cinq ans d’emprisonnement, assortie d’une interdiction de ses activités journalistiques pendant cinq ans, pour " propagande " contre le régime et " diffamation " contre le Guide suprême. M. Nouri a été incarcéré à la prison d’Evine. Cette incarcération intervient quelques mois avant les élections législatives en Iran, et alors que ce dernier s’est engagé en faveur d’un meilleur respect des libertés fondamentales en Iran, et notamment pour un plus grand respect de la liberté de la presse.

Le 27 novembre également, Machaollah Chamsolvaezine, rédacteur en chef du quotidien réformiste Neshat, a été condamné à trois ans d’emprisonnement et à une amende de 10000 francs, pour avoir publié un article contre la peine de mort en Iran. Le journal Neshat avait été suspendu en septembre dernier à la suite de la parution de cet article. Gholam-Hossein Bagherzadeh, son auteur, et Karim Lahidji, président de la LDDHI et vice-président de la FIDH, qui avait soutenu publiquement ses propos, avaient alors été l’objet d’une campagne d’intimidation et de dénigrement.

Ces condamnations s’inscrivent dans le contexte d’une véritable campagne de harcèlement engagée depuis 18 mois par les partisans du Guide suprême contre les intellectuels iraniens. Plusieurs écrivains, démocrates, journalistes, de même que des centaines d’étudiants ont été assassinés, arrêtés et condamnés à de lourdes peines en raison de leurs activités intellectuelles et politiques. (Cf Rapport de la FIDH, Iran : Les démocrates pris en otages, février 1999 et les communiqués de presse du 26/10/99 et 14/09/99).

La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme et la Ligue pour la défense des droits de l’Homme en Iran sont extrêmement préoccupées par ces condamnations et les conditions dans lesquelles elles ont été prononcées ainsi que par le fait qu’à ce jour, les assassinats de cinq intellectuels iraniens perpétrés par les plus hauts responsables des Services de renseignements demeurent impunis.

Au regard des événements qui se sont déroulés depuis plus d’un an et de la situation générale en Iran en matière de droits de l’Homme, la FIDH et la LDDHI appellent une nouvelle fois les autorités à accepter l’envoi d’une mission internationale d’enquête.

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