Les démocrates pris en otages

14/02/1999
Rapport

La naissance d’un nouvel espoir... sans lendemain

L’élection de Mohammed Khatami en juin 1997, avec
près de 70% des voix - il a été surnommé "le Président
aux 20 millions de voix" -, a suscité une énorme vague
d’espoir - en Iran, bien sûr, mais également sur le plan
international. Khatami apparaissait en effet comme un
"moderniste", un "modéré", capable d’entraîner l’Iran
sur la voie d’une démocratisation et d’une libéralisation
progressives d’un régime essentiellement marqué,
jusque là, par l’autoritarisme d’une théocratie peu
propice à un respect des libertés fondamentales. Ses
déclarations durant la campagne électorale et après,
son programme visant à la reconstitution de la société
civile1 et "l’institutionnalisation de l’Etat de droit et
notamment de la Constitution", ont grandement
contribué à faire espérer des changements profonds
dans la structure politico-juridique du pays. Il avait ainsi
placé "l’abstention du recours à la tyrannie, à la
violation des droits et des libertés prévus par la loi,
ainsi que le développement et le renforcement des
structures de la société civile" au sommet de son
programme.

Parmi les signes positifs enregistrés par la communauté
internationale, l’Iran sous Khatami a amorcé un
rapprochement avec l’Arabie Saoudite et la Turquie, va
rétablir en 1999 des relations diplomatiques au plus
haut niveau avec l’Égypte, a réouvert un dialogue avec
l’Europe qui a contribué au règlement (insatisfaisant au
demeurant, puisque le caractère irrévocable de ce
décret a été réaffirmé par plusieurs autorités
religieuses, qui ont même augmenté la prime) de
l’affaire Rushdie, et a même ouvert
précautionneusement la voie à un dialogue avec les
États-Unis. Surtout, s’agissant des libertés
fondamentales dans le pays, on enregistre des progrès
indéniables ; la conséquence la plus tangible de ce
nouveau souffle de la liberté est l’apparition d’une
presse indépendante, qui témoigne d’une amélioration
très nette dans le domaine de la liberté d’expression et
d’opinion.

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