L’Iran détient la clé de son propre réveil

15/01/2009
Communiqué

Notre action collective est une réussite remarquable et un exemple fort de
la manière dont une société civile dynamique sert de catalyseur pour le
changement. Du point de vue du gouvernement, cependant, cette action prend trop
d’importance.

En 2008, le gouvernement iranien a lancé une contre-campagne visant ces
femmes, et des dizaines d’entre elles ont été emprisonnées, harcelées et
privées de documents permettant de quitter le pays. Ces actes ne passent pas
inaperçus. Récemment, deux experts des droits de l’homme des Nations unies ont
présenté une déclaration conjointe exprimant leur profonde préoccupation. Les
rapporteurs spéciaux Margaret Sekaggya and Yakin Erturk ont souligné que les
autorités iraniennes prenaient particulièrement pour cible les femmes et les
hommes actifs dans la campagne "Un million de signatures".

En décembre 2008, l’Iran a empêché Nasrin Sotoudeh, jeune avocate de renom
oeuvrant pour la défense des droits humains, de se rendre en Italie où devait
lui être remis un prix international des droits de l’homme. Quelques jours plus
tard, la police iranienne a procédé à la perquisition et à la fermeture des
bureaux d’une organisation que j’ai contribué à fonder, le Centre des
défenseurs des droits de l’homme, au motif qu’elle exerçait ses activités sans
autorisation. Une semaine plus tard, les autorités iraniennes ont
perquisitionné mon propre cabinet, saisissant mes ordinateurs. Elles m’ont
confisqué de nombreux dossiers confidentiels concernant la défense des droits
d’Iraniens injustement emprisonnés ou privés de leurs droits fondamentaux pour
avoir mené la campagne "Un million de signatures" et d’autres actions
importantes pour la défense des droits de l’homme.

Il y a quelques jours, la police a laissé un groupe de "manifestants"
s’attaquer à mon domicile et à mon cabinet. C’est un bien triste signe des
temps que, en Iran, les protestations pacifiques organisées par des femmes
demandant davantage de droits se terminent par des arrestations et de la
violence de la part de la police iranienne, alors que cette même police a fermé
les yeux pendant la manifestation violente de voyous devant chez moi.

Les jeunes défenseurs des droits de l’homme avec lesquels je travaille
sont-ils intimidés ? Non ! Cette génération remarquable de militants
iraniens comprend que les progrès réalisés par des forces modérées en Iran
constituent une menace pour ceux qui craignent le changement. Cependant, ils
n’acceptent pas que les actes insensés de ceux qui cherchent à freiner la
progression de l’Iran les empêchent de poursuivre leurs efforts pour faire
avancer le pays.

On m’interroge souvent à propos de l’élection présidentielle prévue en juin,
et je réponds parfois que mon avis sur le futur vainqueur n’a pas vraiment
d’importance. En tant qu’avocate, et ayant consacré ma carrière à lutter pour
et au sein du système judiciaire iranien, je m’intéresse davantage à la
légalité de la protection des droits de l’homme en Iran. La véritable réussite
sera une élection respectant une procédure régulière. Les politiciens vont et
viennent, mais un système judiciaire sain, efficace et juste, est la garantie à
long terme de droits de l’homme accrus pour le peuple iranien.

Suis-je découragée par les derniers événements ? Non. En 2005, j’ai
écrit que l’Iran connaissait un processus de "réveil", qu’un profond changement
social se produisait dans la société. Les dernières mesures de répression
contre les défenseurs des droits de l’homme sont inacceptables et constituent
une régression, mais elles ne vont pas empêcher les Iraniens de rester sur la
voie qu’ils ont choisie. Ce n’est pas une voie aisée, mais les voies dignes
d’intérêt le sont rarement. Quels que soient les récents événements, je suis
déterminée à rester en Iran et à poursuivre mon action de valorisation et de
défense des principes des droits de l’homme.

  • Traduit de l’anglais par Isabelle Chérel.
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