Iran : Les autorités sont responsables de la mort de prisonniers en détention.

14/06/2011
Communiqué
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Les témoignages recueillis par les codétenus de M. Hoda Saber, décédé en détention, révèlent la responsabilité directe des autorités.

Karim Lahidji, vice-président de la Fédération internationale des ligues droits de l’Homme (FIDH) et président de la Ligue de Défense des droits de l’Homme en Iran (LDDHI) a déclaré : « Le décès de Hoda Saber dans la prison d’Evin illustre une nouvelle fois l’inquiétante multiplication des drames humains dans les prisons d’Iran. Les conditions de vie dans les prisons sont largement en dessous des normes internationales et se détériorent de jour en jour. Les autorités sont responsables de la sécurité et de la vie de tous les prisonniers mais elles apparaissent incapables de les traiter avec justesse et humanité - en particulier les prisonniers d’opinion. La plupart des détenus se voient refuser les soins médicaux requis. Depuis plusieurs années, des experts de l’Observatoire International des Prisons (OIP) réclament sans succès le droit de visiter ces prisons. La communauté internationale doit, à tout prix, convaincre les autorités iraniennes d’ouvrir les portes de ses établissements. »

Des rapports iraniens indiquent qu’un nouveau prisonnier politique, M. Hoda Saber, est décédé lors de sa détention à la prison d’Evin, à Téhéran, le 10 juin 2011, après une semaine de grève de la faim. Il protestait contre la mort de Haleh Sahabi, décédée à la suite d’une attaque menée par des agents de sécurité du gouvernement lors des funérailles de son père.

Dans un témoignage publié le 13 juin, 64 prisonniers politiques - tous des compagnons de cellules de M. Saber- ont déclaré qu’à la suite de problèmes digestifs et de douleurs ressenties dans la poitrine, « Hada Saber a été transporté dans la clinique de la prison d’Evin à 4h du matin le vendredi 10 juin. Lorsqu’il est revenu de la clinique deux heures plus tard, il se tordait toujours de douleur et a déclaré avoir été battu et insulté ». Après que son état se soit détérioré et qu’il se soit plaint de diarrhées et de nausées, il a été reconduit à la clinique sur un brancard avant de décéder, le même jour, dans des conditions obscures.

Journaliste et activiste politique, Hoda Saber (né en 1960) a été arrêté à plusieurs reprises au cours de la dernière décennie et a passé de longues périodes en prison – de plusieurs mois à deux ans. Au jour de sa mort le 10 juin 2011, il était placé en détention depuis le 24 juillet 2010.

Ces vingt dernières années, de nombreux prisonniers iraniens sont décédés en détention à la suite de torture, de mauvais traitements, d’absence de soins médicaux et de négligence de la part des autorités carcérales, ce qui semble résulter d’une volonté délibérée de se débarrasser de certains prisonniers politiques.

Liste non-exhaustive de prisonniers politiques et d’opinion iraniens ayant trouvé la mort lors de leur détention :

 Mme Zahra Kazemi, journaliste et photographe canado-iranienne, décédée à la suite de coups sur le crâne dans la prison d’Evin en juillet 2003
 M. Ali Batrani, iranien arabe, décédé lors des manifestations à Ahvaz (Khuzestan) en avril 2005
 M. Akbar Mohammadi, étudiant activiste, décédé dans la prison d’Evin, en juillet 2006
 M. Valiollah Feyz-Mahdavi, prisonnier politique, décédé dans la prison d’Evin en septembre 2006
 Mme Zahra Baniyaghoub (a.k.a Zahra Bani-Ameri), diplômée de médecine de l’Université de Téhéran, décédée dans un centre de détention à Hamedan, après avoir été arrêtée avec son fiancé par la police des moeurs en octobre 2007
 M. Ebrahim Lotfollahi, étudiant Kurde en droit, décédé dans la prison de Sanandaj en janvier 2008
 M. Abdolreza Rajabi, prisonnier politique, décédé à la prison de Rejaieshahr en octobre 2008
 M. Amir Hossein Heshmat-Saran, activiste politique décédé après avoir été transféré de la prison de Rajaieshahr à un hopital en mars 2009
 M. Omidreza Mirsayafi, blogger, décédé dans la prison d’Evin en mars 2009
 M. Amir Javadifar, Mohsen Ruholamini et Mohammad Kamrani, décédés dans le centre de détention de Kahrizak en été 2009. De nombreux détenus de ce centre ont également trouvé la mort peu de temps après leur libération à la suite de torture et de mauvais traitements
 M. Gholam-Reza Bayat, jeune Kurde, décédé à Kamyaran en août 2010 après avoir été roué de coups en détention

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