IRAN : Arrestation arbitraire de Mme Nargess Mohammadi pour purger une peine de six ans d’emprisonnement

23/04/2012
Appel urgent

Paris – Genève, le 23 avril 2012. L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, programme conjoint de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), déplore l’arrestation de la défenseure des droits de l’Homme Nargess Mohammadi.

Le 21 avril 2012, Mme Nargess Mohammadi, porte-parole et vice-présidente du Centre des défenseurs des droits de l’Homme (Defenders of Human Rights Centre - DHRC), a été arrêtée par la police au domicile de ses parents dans la ville de Zanjan puis incarcérée à la prison d’Evin à Téhéran afin de purger sa peine de six ans d’emprisonnement. Le même jour, les médias gouvernementaux ont indiqué qu’elle avait été convoquée à la prison pour purger sa peine de six ans d’emprisonnement qui avait été confirmée en appel.

L’Observatoire est consterné par le fait que l’arrestation de Mme Nargess Mohammadi soit intervenue le jour même de sa convocation sans qu’il lui ait été donnée la possibilité de se préparer et de se présenter normalement aux autorités pénitentiaires, alors qu’elle a deux enfants en bas âge1 et qu’elle souffre d’une maladie inconnue (paralysie musculaire) nécessitant des soins médicaux particuliers ainsi qu’un environnement calme.

L’Observatoire rappelle Mme Mohammadi avait été condamnée en appel à six ans d’emprisonnement pour “rassemblement et collusion à l’encontre de la sécurité nationale”, “appartenance au DHRC” et “propagande contre la République islamique” le 14 février 2012. D’autres membres du DHRC sont soumis à un harcèlement judiciaire continu, à l’instar, notamment, de M. Abdolfattah Soltani, toujours détenu arbitrairement bien qu’il ait fait appel de la peine de 18 ans de prison et de 20 ans d’interdiction d’exercer prononcée contre lui en première instance, de Mme Nasrin Sotoudeh, qui purge une peine de six ans de prison, et de M. Mohammad Seifzadeh, qui purge une peine de deux ans de prison. D’autres membres du DHRC sont encore en liberté mais sont exposés à un risque d’arrestation imminente, comme M. Mohammad Ali Dadkah, condamné en première instance à 9 ans de prison et 10 ans d’interdiction d’exercer et d’enseigner. Un autre membre du DHRC, M. Abdolreza Tajik, a également été contraint de quitter le pays récemment après avoir vu sa condamnation à six ans d’emprisonnement confirmée en appel.

« Nargess Mohammadi est détenue arbitrairement et harcelée en raison de son vif engagement en faveur de la démocratie et les normes fondamentales en matière de droits de l’Homme. Il est certain que dans le contexte de répression qui sévit actuellement en Iran, les autorités font tout pour étouffer toute voix dissidente », a déclaré Souhayr Belhassen, présidente de la FIDH.

“Nous déplorons vivement le fait que les défenseurs des droits de l’Homme iraniens continuent, encore et encore, de faire l’objet de harcèlement judiciaire, de peines de prison injustes et de mesures punitives destinées à briser leur engagement en matière de défense des droits de l’Homme” a ajouté Gerald Staberock, secrétaire général de l’OMCT.

L’Observatoire exprime sa plus vive préoccupation quant à l’arrestation de Mme Nargess Mohammadi et au harcèlement auquel sont soumis l’ensemble des défenseurs des droits de l’Homme mentionnés ci-dessus, en ce que ces actes ne semblent viser qu’à sanctionner leurs activités de défense des droits de l’homme.

Par conséquent, l’Observatoire demande instamment aux autorités iraniennes de fournir à Mme Nargess Mohammadi des soins médicaux adéquats et appropriés, et de garantir en toutes circonstances l’intégrité physique et psychologique des défenseurs des droits de l’Homme en Iran. L’Observatoire exige en outre la libération immédiate et inconditionnelle de Mme Nargess Mohammadi, Mme Nasrin Sotoudeh, M. Abdolfattah Soltani, M. Mohammad Seifzadeh et de tous les autres défenseurs détenus, et qu’il soit mis un terme à l’ensemble des actes de harcèlement, y compris au niveau judiciaire, à l’encontre de tous les défenseurs des droits de l’Homme.

Pour plus d’informations, merci de contacter :
FIDH : Karine Appy / Arthur Manet : + 33 1 43 55 25 18
OMCT : Delphine Reculeau : + 41 22 809 49 39

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